Y a-t-il un commandant de bord à 2M pour la période post-Sitaïl ?

«Comment une telle erreur a-t-elle pu passer tous les niveaux de validation ?», s’interrogent de nombreux acteurs du secteur, pointant du doigt l’amateurisme apparent d’une chaîne pourtant considérée comme un pilier du paysage audiovisuel marocain. Cet incident survient dans une période charnière pour 2M, marquée par l’ère post-Samira Sitaïl, figure emblématique qui a longtemps façonné l’identité éditoriale de la chaîne. Depuis son départ, les critiques se multiplient sur la gestion de l’information, la rigueur journalistique et la cohérence des contenus diffusés.

Un impair médiatique d’envergure a secoué la chaîne publique marocaine 2M, qui a diffusé, lors de son journal de la mi-journée du 27 janvier, des images de stades algériens pour illustrer un reportage consacré aux préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, que le Maroc s’apprête à organiser.

Les images incriminées montraient sans équivoque le stade du 5 juillet d’Alger, ainsi que le stade Nelson-Mandela de Baraki. Cette bévue éditoriale, rapidement repérée par les téléspectateurs avertis, a provoqué une avalanche de réactions indignées, amplifiées par les réseaux sociaux. L’incident est d’autant plus sensible qu’il intervient dans un contexte diplomatique tendu entre Rabat et Alger où chaque symbole peut revêtir une portée politique.

Un incident révélateur de dysfonctionnements internes

Face à l’embarras général, la chaîne a tenté une gestion de crise précipitée, procédant à la suppression en urgence des extraits de ses plates-formes numériques officielles. Toutefois, cette démarche s’est révélée vaine : les images avaient déjà été largement partagées, accompagnées de commentaires acerbes condamnant un manque flagrant de rigueur professionnelle.

L’erreur soulève des interrogations sur le processus de validation des contenus. Comment une telle incongruité visuelle a-t-elle pu franchir les différents niveaux de contrôle éditorial – du journaliste rédacteur au responsable du montage, en passant par le rédacteur en chef ? Cette situation révèle des failles structurelles dans le dispositif de vérification des informations, censé être le socle de toute production journalistique sérieuse.

L’héritage de Samira Sitaïl à l’épreuve de la confusion

Cet incident survient dans un climat d’incertitude au sein de 2M, marqué par l’absence de direction claire depuis le départ de Samira Sitaïl, figure emblématique qui a façonné l’identité éditoriale de la chaîne durant des années. Sa rigueur sur la ligne éditoriale semble aujourd’hui cruellement manquer. L’événement traduit peut-être moins un simple accident qu’un égarement institutionnel où la perte de repères rigoureux s’ajoute à des relâchements internes.

Entre maladresse technique et cécité éditoriale

Sur le plan purement technique, l’erreur est d’autant plus incompréhensible que les images des stades algériens sont reconnaissables par des caractéristiques architecturales distinctives : le Stade du 5-Juillet avec sa forme ovale et ses gradins bleus en arc de cercle ainsi que le Stade Nelson-Mandela aux lignes à la toiture métallique, des détails visuels difficilement confondus avec les infrastructures marocaines.

Le processus de sélection des images dans les salles de rédaction repose sur des banques d’archives visuelles, où chaque fichier est accompagné de métadonnées précises, incluant la localisation et des descriptions détaillées. Que des images de stades algériens aient pu être choisies pour illustrer la CAN 2025 révèle donc une défaillance des procédures de vérification visuelle, habituellement fondées sur des contrôles croisés par plusieurs membres de l’équipe éditoriale.

Un révélateur d’une crise de gouvernance médiatique

Au-delà de l’anecdote, cet incident soulève des questions plus profondes sur la gouvernance de SOREAD 2M. Le modèle de 2M, autrefois exemple en la matière, semble aujourd’hui en proie à une érosion accélérée des standards journalistiques.

À l’approche de la CAN 2025, un événement d’envergure continentale où l’image du Maroc sera scrutée à l’international, la chaîne se doit de restaurer la confiance du public en réinstaurant des mécanismes de contrôle éditorial sérieux. Car au-delà de la simple méprise visuelle, c’est la crédibilité même de l’audiovisuel public marocain qui est en jeu.

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