Visite de la Directrice générale du FMI au Maroc : un rappel de la cure d’austérité, actée par Benkirane en 2012 et renouvelée par El Othmani

La Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristina Georgieva, compte effectuer une visite au Maroc du 17 au 20 février courant. Quel impact sur le Maroc ?

Selon un communiqué du FMI, la visite de la Directrice générale du Fonds monétaire international, Kristina Georgieva, au Maroc servira à discuter les préparatifs aux Assemblées annuelles du Groupe de la Banque Mondiale et du FMI prévues en octobre 2021, à Marrakech. Mais, est-ce vraiment le cas? 

A notre question, Najib Akesbi, économiste et professeur de l’enseignement supérieur, soutient que la visite de cette responsable au Maroc n’est pas si anodine. Au contraire, elle vient confirmer les exigences du FMI en matière de ses fameuses « conditionnalités » et rappeler les « packages du FMI », que l’institution recommande au Royaume depuis les années 80.

Dans ce contexte, M. Akesbi rappelle que le Maroc a fait appel au Fond monétaire international (FMI) en août 2012 pour bénéficier d’une Ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 6,2 milliards de dollars. Depuis lors, la reconduite de cette Ligne est présentée comme « un signe de confiance » de la part de cette institution. Toutefois, ces mesures sont le prolongement du Programme d’ajustement structurel, le citoyen marocain paie le prix fort de cette énième cure d’austérité. En effet, le renouvellement de la LPL a installé le pays dans une relation pernicieuse avec le FMI, lequel peut désormais imposer au pays des conditions qu’il était incapable d’imposer auparavant, comme c’est le cas par exemple de la « flexibilisation » du régime de change du dirham.

« Jusqu’à présent, le FMI fait une pression énorme sur les autorités marocaines pour accélérer la flexibilité du dirham », précise M. Akesbi. Toutefois, le Royaume n’est pas prêt à franchir une telle étape, à l’opposé du discours et des chiffres avancés par les institutions nationales. Depuis les politiques d’ajustement structurel des années 1980, la question de cette libéralisation du régime de change est posée par cette institution financière internationale. En effet, la libéralisation du régime de change est la composante du package du FMI qu’il place là où il va, et là où il place ses recettes.

Soulignons dans le cadre du renouvellement de la LPL, le Maroc a pris un certain nombre d’engagements. Ils ont été détaillés dans le rapport pays publié par le FMI le 24 janvier. Parmi ces engagements, qui sont en réalité des conditionnalités imposées par le FMI : porter la croissance économique à un niveau supérieur aux réalisations actuelles qui tournent autour de 3% et ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2020 et la dette du Trésor à 60% du PIB à moyen terme. La visite de la la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristina Georgieva, au Maroc servira donc à rappeler ces exigences pour accélérer leur adoption effective. Dans ce contexte, le communiqué du FMI indique clairement qu’elle aura des rencontres avec de hauts responsables marocains.

Outre la libéralisation du régime de change, rappelons que le FMI impose au Maroc d’autres réformes en matière des finances publiques. Le gouvernement s’est ainsi engagé à mettre en œuvre un programme de privatisation devant contribuer pour environ 4% du PIB au budget de l’État pour la période 2019-2024, augmenter les recettes fiscales de 0,8% du PIB en 2020 et de 1,3% à moyen terme, aligner les taux de TVA réduits sur les biens de fabrication et les services sur le taux de TVA standard et maintenir la masse salariale publique, y compris les cotisations sociales, sous les 10,5% du PIB à moyen terme.

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