Un député marocain soupçonné d’importer 50 000 ovins en profitant d’exemptions fiscales

Alors que les consommateurs font face à une hausse des prix attribuée à la raréfaction du cheptel national, l’opération menée par le parlementaire pose la question de l’équité dans l’accès aux dispositifs d’importation. En 2024, le Maroc a assoupli les restrictions sur l’importation de bétail pour faire face à la crise, notamment en supprimant les droits de douane et la TVA sur certaines transactions. Mais des voix s’élèvent désormais pour condamner une concentration des bénéfices entre les mains de certains acteurs économiques influents.

Un député de la majorité, par ailleurs éleveur, s’apprête à faire venir 50 000 moutons d’Amérique latine (probablement du Paraguay ou du Brésil), ont affirmé nos confrères d’Assabah. L’opération, facilitée par des exonérations fiscales et par la suppression des droits de douane, intervient alors que le cheptel national a chuté sous l’effet des sécheresses successives et de la hausse du coût de l’alimentation animale.

Dans un marché marqué par une envolée des prix de la viande rouge, qui dépasse les 120 dirhams le kilogramme dans plusieurs villes, «cette importation pourrait assurer au concerné des bénéfices considérables», croit savoir le quotidien arabophone. «D’autres parlementaires, attirés par les mêmes avantages fiscaux, envisageraient de suivre cette voie», a-t-il ajouté.

Cette opération coïncide avec la décision du roi d’annuler l’Aïd al-Adha cette année, une mesure inédite motivée par la pénurie de bétail et les difficultés économiques des ménages. Elle relance le débat sur le rôle des élus dans des transactions bénéficiant d’allègements fiscaux et leurs conséquences sur l’élevage national.

Selon les données du ministère de l’agriculture, le cheptel ovin a connu une baisse de 38 % au cours des dernières années, passant de 25 millions à environ quinze millions de têtes. Cette réduction est attribuée à des sécheresses successives qui ont entraîné une pénurie de ressources fourragères, augmentant les coûts de l’alimentation animale et contraignant de nombreux éleveurs à réduire leurs troupeaux. La situation a également conduit à une hausse (artificielle) des prix de la viande, rendant le sacrifice rituel financièrement difficile pour de nombreuses familles.

La mesure royale, exceptionnelle, œuvre à préserver le cheptel restant et à atténuer la pression sur les éleveurs, tout en tenant compte des difficultés économiques et sociales. Le gouvernement est désormais sommé de proposer des solutions pour soutenir le secteur de l’élevage et assurer la sécurité alimentaire du pays.

Cette décision historique rappelle une situation similaire en 1996, lorsque le roi Hassan II avait également appelé à renoncer au sacrifice de l’Aïd en raison de conditions climatiques défavorables et d’une pénurie de bétail. À l’époque, le roi avait symboliquement sacrifié deux moutons au nom de la nation pour maintenir la tradition religieuse tout en adaptant les pratiques aux réalités qui prévalaient.

La crise actuelle du cheptel ovin reflète la vulnérabilité du secteur agricole marocain face aux aléas climatiques et souligne la nécessité de politiques publiques robustes pour soutenir les éleveurs, confrontés aussi aux errances de la politique d’Aziz Akhannouch.

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