Transparency Maroc, association marocaine de lutte contre la corruption, a annoncé lundi 27 janvier la suspension de sa participation à la Commission nationale anti-corruption (CNAC), invoquant «l’absence de signaux tangibles démontrant un engagement effectif des pouvoirs publics en faveur de la lutte contre la corruption.»
Cette décision intervient après que le chef du gouvernement a adressé, le 16 décembre 2024, une invitation à l’association en vue de désigner un représentant au sein de la commission. Une démarche qui s’inscrit dans la succession d’Abdelaziz Nouidi, ancien secrétaire général de Transparency Maroc mort l’année dernière.
Dans un communiqué, l’association justifie sa position par plusieurs éléments révélateurs, selon elle, «d’un manque de volonté politique en la matière.» Elle souligne notamment que la commission «ne s’est réunie que deux fois en huit ans en dépit des dispositions légales imposant un minimum de deux sessions annuelles.» L’association rappelle avoir saisi le chef du gouvernement dès septembre 2023 pour lui demander la convocation de la commission et solliciter la communication des documents relatifs à son bilan et à ses difficultés de fonctionnement. Aucune suite concrète n’a été donnée à ces requêtes.
Transparency Maroc met également en cause «le retrait du projet de loi visant à compléter et modifier le code pénal afin de criminaliser l’enrichissement illicite, après plusieurs années de discussions législatives.» L’organisation dénonce, en outre, «les restrictions imposées aux organisations de la société civile et au pouvoir judiciaire dans le cadre du projet de réforme du code de procédure pénale, jugées contraires aux engagements internationaux du Maroc en matière de lutte contre la corruption.»
Enfin, l’association pointe du doigt «l’affaiblissement des institutions de contrôle, de probité et de bonne gouvernance, marqué selon elle par l’ignorance ou la contestation des rapports institutionnels, ainsi que par des inégalités croissantes en matière de transparence et de redevabilité.»
«Nous refusons de siéger dans une instance dont l’action demeure symbolique, faute de volonté réelle d’application des réformes nécessaires», conclut Transparency Maroc dans son communiqué consulté par Barlamane.com.