Les opérateurs internationaux font état de négociations complexes entre le groupe OCP, pionnier mondial des phosphates et des acheteurs indiens pour la fourniture de deux à trois millions de tonnes de phosphate diammonique (DAP). Ces discussions, entamées depuis plusieurs semaines, seraient actuellement dans l’impasse. En cause, l’exigence formulée par l’OCP d’inclure environ 900 000 tonnes de superphosphate triple (TSP) dans le cadre de l’accord global, condition à laquelle les partenaires indiens peinent à consentir.
Cette situation intervient alors que l’Inde fait face à un besoin urgent en DAP en raison de stocks domestiques particulièrement bas. L’importance stratégique de cet engrais, indispensable à la production agricole intensive, rend cette impasse d’autant plus préoccupante pour New Delhi, qui cherche à sécuriser ses approvisionnements à des conditions compétitives.
Phosphates : des prix sous tension mais une stabilité précaire
Les perspectives pour les prix des phosphates transformés demeurent neutres. Les analystes s’accordent à dire que le resserrement de l’offre est contrebalancé par une demande modérée et des préoccupations croissantes sur la capacité des marchés à absorber des coûts élevés. En effet, les prix des phosphates restent nettement supérieurs à ceux des produits agricoles en aval et des autres nutriments fertilisants, ce qui freine l’élan des acheteurs, notamment dans les économies émergentes.
Un marché des engrais sous haute vigilance
Parallèlement, la question des prix de la potasse a dominé les échanges lors de la conférence annuelle sur les engrais, tenue ces derniers jours à Rio de Janeiro. Les acteurs du secteur ont confirmé des attentes de hausses tarifaires pour les mois à venir, même si l’ampleur exacte de cette augmentation suscite encore des débats.
Les prix d’importation de la potasse granulée sont restés stables, oscillant entre 310 et 315 dollars la tonne (CFR), en raison d’une activité d’achat limitée pour la campagne de soja 2025/2026. Toutefois, les producteurs visent un relèvement des prix à 350 dollars la tonne d’ici juin. Cette ambition est soutenue par une accessibilité financière favorable observée ces derniers mois, qui a encouragé des achats anticipés. Cependant, la faiblesse du real brésilien et l’absence d’un sentiment d’urgence, tant du côté des vendeurs que des acheteurs, ont conduit à un ralentissement des transactions cette semaine.
L’incertitude qui plane sur les négociations entre le Maroc et l’Inde, combinée aux tensions sur le marché brésilien de la potasse, reflète les défis structurels auxquels fait face l’industrie mondiale des engrais. Entre volatilité des devises, fluctuations des matières premières et enjeux géopolitiques, les prochains mois s’annoncent déterminants pour l’équilibre des marchés.
