«Soutiens ton frère, qu’il soit auteur ou victime d’injustice» : au Maroc, les affaires de mœurs étouffées dans le complotisme et le sectarisme

Des affaires de mœurs secouent des personnalités des milieux militants et islamistes. Qu’y a-t-il dans tout cela ? une machination, voire une conspiration, disent ceux qui étouffent leurs affaires légalement coupables. L’invasion de la justice par une politisation téléguidée est devenue, pour ainsi dire, une ornière pour ceux trop peu sûrs d’eux-mêmes pour tenir une conduite cohérente avec la gravité de leurs actes.

L’homme-lige d’Al Adl Wal Ihssane (AWI, mouvement islamiste) à Meknès entretient une liaison extraconjugale avec une femme divorcée. Les deux individus ont été arrêtés fin octobre, à bord d’une voiture, en flagrant délit. Portes et fenêtres étaient murées. Accusé de ne pas vivre en accord avec les principes qu’il défend, AWI a choisi pour se défendre des arguments mêlant complotisme et manœuvres obscures.

Ce n’est pas la première fois. En 2016, des médias marocains ont révélé avec forces détails comment deux responsables de l’aile religieuse du PJD (Parti  pour la justice et le développement, à la tête du gouvernement de coalition au moment des faits) ont été interpellés au sud de Rabat, au petit matin à bord d’une grosse cylindrée qui stationnait sur une plage, en train de «faire l’amour.»

Ni la longue barbe grise de prêcheur (Omar Benhammad), ni le voile de (Fatima Nejjar), connue pour ses diatribes moralisatrices, n’ont suffi d’aplatir le scandale de ces deux personnalités de premier plan au sein de la mouvance islamiste PJD.

Complots, cercles obscures et Kompromat

Lors de cette affaire, le PJD a dénoncé une «machination policière», et l’exploitation de «l’attitude de ces deux personnes un peu trop impatientes de se marier légalement». Là aussi, le mouvement de Cheikh Yassine accuse «les services de l’État» et des «cercles obscurs» d’avoir «fabriqué cette affaire, fondé sur une accusation fourre-tout», destinée à salir un de ses membres. Une affaire «qui veut jeter une ombre sur l’anniversaire d’AWI», qui commémore «sa quarantième année d’existence.»

Des «opposants» qui s’autorisent tout et qui politisent tout

Au Maroc, chercher des conspirations où il n’y en a pas est devenu la seule échappatoire pour certains opposants sulfureux, qui politisent leurs mésaventures. En 2015, l’affaire Hicham Mansouri, membre de l’Association marocaine des journalistes d’investigation (AMJI), a secoué la société. Arrêté à son domicile « en flagrant délit de préparation d’un local pour la prostitution et participation à un adultère avec une femme mariée », selon la préfecture de police de Rabat, il a contesté, à tort, son interpellation sans un mandat d’arrêt, alors que cette opération s’est déroulée «en total respect des dispositions judiciaires régissant les perquisitions des domiciles, et après avoir communiqué aux deux prévenus tous leurs droits».

Arrêté en février 2018 et incarcéré depuis, l’ancien directeur du quotidien Akhbar Al-Yaoum (disparu) était jugé par la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca pour «traite d’êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol» et risquait vingt ans de prison. Pour s’en sortir, il a critiqué «un procès politique» malgré les preuves qui pèsent sur lui. Au lieu de s’excuser aux nombreuses victimes, il a nié en bloc et choisi de faire le héros.

Son ex-bras droit, Soulaiman Raissouni, a violé un militant des droits des minorités sexuelles, après l’avoir «harcelé et séquestré». Ses soutiens ont fabriqué l’excuse d’un procès non équitable. Lui aussi a préféré nier malgré les preuves irréfutables.

Omar Radi, condamné à six ans de prison, a été accusé d’«atteinte à la sécurité intérieure de l’État» et d’avoir reçu des «financements étrangers» en lien avec «des services de renseignement» mais aussi de «viol». Au-delà des sit-in improvisés au cœur du tribunal et téléguidés par ses soutiens étrangers, l’entourage de Radi a alimenté l’absurde théorie d’une «machination judiciaire en raison de ses activités journalistiques». Omar Radi, incarcéré en 2020, n’a rien produit depuis 2016.

L’État, cible d’une molle lâcheté

Il est important de mentionner que certaines parties se résignent sans peine à la nécessité d’accuser les institutions officielles de leurs manquements à la loi. Pour échapper aux écueils de leur conduite, ils accusent une entité obscure de les viser. Dans les faits, ce sont des intérêts illégitimes inquiets ou froissés qui s’expriment ; et les agents de l’autorité ne sont que la cible directe de cette lâcheté qui ne s’assume pas, qui prend, envers le pouvoir, une attitude de d’hostilité pour éviter de s’expliquer sur ses actes. Les adversaires permanents des organes de l’État dont les habitudes, les actes, les paroles, portent souvent les caractères d’une violence tacite ne maîtrisent même pas leurs bas instincts.

Ils comptent sur le soutien acquis de l’association marocaine de défense des droits de l’homme (AMDH), et sur quelques personnes en manque de crédibilité comme Aboubakr Jamaï qui a mis la clé de son journal sous le paillasson et fui vers la France laissant derrière lui des dettes et des employés non payés, comme Fouad Abdelmoumni, adepte de la chaire fraîche et des «biens» des autres, Khalil Bakkari qui rôde autour des familles de détenus et qui, pour passer tranquillement des moments agréables loin de chez lui, n’hésite pas à dire chaque à sa femme avoir passé la nuit au commissariat de police. Ou encore Maati Mounjib qui détourne l’argent des ONG et ne paie pas ses impôts ou l’avocat Mohamed Ziane, le titulaire du plus célèbre postérieur qui a fit le tour de la planète.

D’autres personnalités s’excusent et endossent tout

Quid des agents provocateurs sans colonne vertébrale. Plusieurs personnalités impliquées dans des affaires judiciaires de droit commun et de mœurs ont toujours assumé leurs actes malgré le scandale. Tariq Ramadan, poursuivi pour viols sur plusieurs femmes, présenté ses excuses à de multiples reprises, au moment où l’élargissement de l’enquête qui le vise sur de nouveaux soupçons de viols plane sur son affaire. Ironie de l’histoire, une des premières femmes ayant dénoncé le comportement dévoyant de Tariq Ramadan était… une Marocaine, et c’était en 2014, photo à l’appui.

Le cas de Moncef Slaoui est éloquent aussi. Mi-2021, son employeur GSK a annoncé la «fin de son contrat», lui qui occupait la fonction de président du conseil d’administration de Galvani, l’une de ses filiales et coentreprise avec Verily, filiale d’Alphabet, la maison mère de Google. Ce départ avec «effet immédiat» fait suite à «une lettre reçue contenant des accusations de harcèlement sexuel et de conduite inappropriée envers une employée de GSK par M. Slaoui et qui ont eu lieu il y a plusieurs années», explique le communiqué que Barlamane.com a consulté. Le groupe a dit avoir mené une enquête avec l’aide d’un cabinet juridique et qu’elle a «confirmé les allégations».

Moncef Slaoui, qui a finit par s’excuser, n’est pas n’importe qui. Il avait été nommé principal conseiller scientifique sur la recherche vaccinale anti-Covid-19 de l’administration Trump en 2020 jusqu’à l’arrivée de l’administration Biden à la Maison-Blanche.

Entre ces deux-là (et la liste n’est pas exhaustive) et ceux qui se saisissent du moindre embryon de mensonge, du moindre germe de complot, pour se défendre, au mépris des enquêtes, des inductions, des preuves ; il y a un gouffre. Ces derniers sont la ruine de la liberté comme de l’ordre. 

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