En première ligne dans la lutte contre le covid-19, les professionnels de santé, notamment les médecins libéraux, alertent le ministère de tutelle sur leurs conditions de travail. Ils soulignent notamment le manque de matériel de protection, tels que les masques et les gels antiseptiques. Ce qui les expose fortement au virus.
Face à la pandémie de coronavirus, le manque d’équipements de protection et de précautions inquiète les médecins libéraux qui font partie d’une population à risque : celle des médecins au sens large. En effet, certaines études menées en Chine évaluent à 40% la part du personnel médical amené à contracter le virus en prodiguant des soins.
Jusqu’à présent, les médecins libéraux qui travaillent, et qui sont fortement exposés au risque de contamination, ne bénéficient pas de sécurité sociale, à savoir l’Assurance maladie des indépendants (AMI). Même si un décret fixant de catégories et de sous-catégories des professionnels, travailleurs indépendants et travailleurs non-salariés concernés par les lois 98.15 et 99.15 relatives à l’assurance maladie obligatoire et le régime de retraite des indépendants a été adopté par le Conseil de gouvernement, les textes d’application de ces lois sont encore dans les tiroirs de l’Exécutif.
Adil Sadiq, urologue et spécialiste des maladies des reins et des voies urinaires à Rabat, dénonce le fait que le ministère de la Santé n’a délivré aux médecins libéraux ni consignes ni équipements indispensables pour se protéger. Et ce, même si les médecins, infirmiers et aides-soignants présentent un risque supérieur à celui de la population générale d’être infectés par le virus SARS-CoV-2.
Pour le moment, les médecins sont un peu perdus. « Le personnel soignant et les médecins sont les premiers exposés aux risques de contamination et pourtant nous n’avons reçu aucune note ni aucun moyen de prévention contre le virus. Le gouvernement se réunit pour prendre des décisions et sensibiliser la population : c’est bien. Mais, il faudrait que les représentants des médecins et les syndicats se réunissent avec les dirigeants pour établir une stratégie et des recommandations avec mise à disposition au corps médical de tous les moyens de prévention », explique-t-il.
Selon Dr Sadiq, les médecins libéraux se débrouillent actuellement seuls et à leurs frais. De plus, les masques qui permettent de filtrer les risques de transmission du coronavirus et les gels antiseptiques sont actuellement en rupture totale de stock. Dans ce sens, l’urologue affirme que l’Ordre national des médecins est en contact permanent avec le ministère.
Face à cette situation, plusieurs médecins, notamment des dentistes, ont décidé d’annuler leurs consultations et de fermer leurs cabinets. Contactée par Barlamane.com/fr, une dentiste, qui préfère garder l’anonymat, a souligné que la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral du Maroc (FNSMD) a appelé ses membres à suspendre le travail en cabinet et ne traiter que les cas urgents. Elle indique qu’elle a décidé de fermer son cabinet dentaire pour au moins 15 jours afin d’éviter qu’elle soit la source d’une propagation massive d’une contamination croisée du coronavirus.
Toutefois, l’Ordre national des médecins a indiqué dans une note que les médecins ne doivent pas fermer leurs cabinets dans ce contexte marqué par la propagation du coronavirus. Ils sont invités à s’organiser pour répondre aux inquiétudes de leurs patients tout en évitant de remplir inutilement leurs salles d’attente. D’où l’importance d’un plan gouvernemental pour ces médecins du privé.
Pour rappel, 275 cas d’infection ont été détectés au Maroc depuis le début de l’épidémie qui a fait aujourd’hui 4 nouveaux morts, dont 2 à Marrakech, 1 Casablanca et 1 à Rabat, selon un bilan établi, ce jeudi à 18h00, par les autorités sanitaires.