Sahara : l’Algérie conteste la sentence rendue par le Conseil de sécurité


L’Algérie a considéré l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 26.54 comme une dérive par rapport à la trajectoire que le dossier du Sahara aurait dû, selon elle, emprunter, une trajectoire unilatérale préconisée par l’Algérie depuis 1976 et qui reste figée, pour ne pas dire frappée de caducité.

Pourquoi l’Algérie a-t-elle choisi de contester la sentence de la majorité des membres du Conseil de sécurité, dont des membres permanents comme les Etats unis, le Royaume uni, la France et la Chine, en plus des membres non permanents, notamment le Gabon et les Emirats arabes unis (EAU) ?

C’est parce que l’Algérie serait «animée d’un sens élevé de responsabilités envers le peuple du Sahara occidental et la région». C’est pourquoi, elle «constate avec regret un risque sérieux de dénaturation et d’érosion du processus qui serait préjudiciable à la paix, à la stabilité et à la sécurité», selon Laamamra, ministre algérien des affaires étrangères.

Je me demande si Laamamra éprouve le même haut sens de responsabilité envers les 200.000 Algériens exécutés par la junte et les 20.000 personnes portées disparues, durant la décennie noire dans son propre pays. A ce que nous sachions, personne ne lui a donné mandat, ni à lui, ni à son pays, pour s’alarmer des menaces qui pèseraient sur la paix, la stabilité et la sécurité dans la région, des objectifs et des vœux qui ne sont pas remplis en Algérie, qui est soit le théâtre d’une longue guerre civile, pour plus de dix ans, soit le vivier de vastes bousculades et longues files du peuple algérien, en quête de quoi manger, dans un pays pétrolier et gazier. C’est cela la première notion de sécurité, à notre humble avis.

Dans une telle situation, le ministre algérien des affaires étrangères s’arrange tout de même pour dégager un temps soit peu de son agenda pour se préoccuper des périls potentiels qui pèsent sur une région maghrébine, dont Alger attise le feu, la discorde et le séparatisme, depuis l’indépendance de cette contrée, proche de nous géographiquement, mais en vérité, si lointaine du Maroc. Le conflit du Sahara, dans lequel l’Algérie est directement engagée, n’a pas fait autant de morts qu’en Algérie, en dix ans, entre Algériens. Pourquoi vous souciez-vous du sort de 2000 sahraouis, originaires des provinces marocaines du sud, séquestrés dans les camps de la honte à Tindouf –le chiffre étant avancé par les services de renseignements espagnols- et auxquels vous avez promis une république, alors votre pays, comptant 45 millions d’habitants et d’immenses ressources du sous sol qui, seules, assurent sa survie, est incapable de nourrir dignement le peuple algérien ?.

Pourquoi, vous entêtez-vous à soutenir un projet de république utopique, qui n’existe que dans votre imaginaire, qui ne totaliserait même la population d’une ville de taille moyenne comme l’ancienne ville marocaine de Tindouf ?.

Vous seriez certainement attaché au principe de l’autodétermination des peuples ! Dans ce cas, pourquoi vous auriez refusé au peuple algérien son autodétermination, lors des élections législatives de 1991, puis lors du Hirak qui avait duré deux ans, et qui exigeait le départ de toute la caste du FLN, civile et militaire, qui régentait le pays depuis l’indépendance, comme préalable à la reconstruction d’une nouvelle Algérie libre !.

En décidant de contester l’adoption de la résolution 26.54 du Conseil de sécurité, votée par 13 voix et l’abstention de deux voix, l’Algérie prend le parti des deux pays qui se sont abstenus au vote, donc le parti de pays qui n’ont voté ni pour ni contre, en dépit des explications incohérentes de leur vote. L’Algérie se retrouve en conséquence, seule, dans ce combat idéal et utopique, contre le Conseil de sécurité dans son ensemble. Quelle audace de vouloir dicter au Conseil de sécurité des Nations unis la démarche à suivre pour le règlement du dossier du Sahara et le processus à retenir ! Cela ne peut émaner que d’un pays qui nourrit un orgueil démesuré, un délire de grandeur, voire une folie de grandeur, qui soient coupés de la réalité pénible et dramatique du peuple algérien frère !

*Journaliste et écrivain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *