La Cour d’Appel de Casablanca a rendu vendredi soir son jugement dans l’affaire du fondateur du quotidien Akhbar Al Yaoum, dont le procès s’est achevé en fin d’après-midi d’hier. Sa peine a été alourdie de 3 ans et levée à 15 ans d’emprisonnement assortie d’une amende de 300.000 dhs.
Me Mohamed El Haini, un des avocats du comité de défense des victimes de Taoufik Bouachrine, a exprimé dans une déclaration à Barlamane.com le sentiment des plaignantes et du comité à propos du jugement prononcé à l’encontre du fondateur du quotidien Akhbar Al Yaoum. « Nous sommes satisfaits, partiellement, de ce jugement. Le parquet général n’a pas poursuivi Bouachrine pour motif de traite d’êtres humains à l’encontre d’une femme enceinte et à l’encontre de femmes qui ont été aussi violentées par l’accusé. Ces faits se soldent par un emprisonnement à perpétuité. Nous trouvons que ce jugement est modéré. Toutefois, nous pouvons dire que ce jugement a rendu justice aux victimes qui ont, d’ailleurs, exprimé leur satisfaction partielle quant à cette sentence ».
L’avocat de la défense des victimes de Bouachrine embraye, un peu plus loin, sur la portée d’un tel jugement : « Il s’agit d’un jour historique pour la justice au Maroc qui a fait preuve aujourd’hui de son intégrité, de sa compétence et de son indépendance. Aujourd’hui, nous pouvons dire fièrement que la justice a été faite. S’agissent des dédommagements, nous estimons qu’ils sont très moyens. Toutefois, ce qui nous intéresse le plus est le jugement général qui a été indépendant et qui a surtout correspondu à nos attentes comme aux attentes de la société marocaine étant donné que c’est une société qui défend les droits et la dignité de la femme. Je ne peux que réaffirmer que la justice a été faite et que l’accusé a eu ce qu’il méritait », a-t-il confié à Barlamane.com.
Pour sa part, Me Mohammed Hassouni Kerrout, avocat, et également membre du comité de défense des plaignantes, a indiqué à Barlamane.com que la cour d’Appel a annulé l’innocence de Bouachrine, auparavant proclamée, quant à son accusation de traite d’êtres humains concernant 4 victimes. Suite à cela, sa sentence a été levée de 12 à 15 ans. Toutefois, l’avocat relève que l’ex-directeur de Akhbar Al Yaoum, aurait pu écoper de 30 ans de prison s’il avait été poursuivi pour traite d’êtres humains à l’encontre d’une femme enceinte et ce, selon les dispositions de la loi en vigueur concernant la traite des personnes. L’avocat fait ainsi part du point de vue des victimes de Bouachrine : « Nous respectons ce jugement étant donné qu’il a été émis par la justice marocaine indépendante. Je ne juge pas, en ma qualité d’avocat, cette sentence, je ne fais que vous transmettre le ressenti des victimes qui estiment que la peine infligée à Bouachrine est insuffisante et que les dédommagements ne couvrent pas tout le mal qu’elles ont subi. Ils ne correspondent, en aucun cas, aux dégâts subis et que continuent à subir continuellement les victimes ».
Il enchaîne ainsi : « la traite des êtres humains est parmi les crimes reconnus mondialement comme étant des plus dangereux, c’est pour cela que les victimes estiment que cette sentence n’est pas suffisante. Nous allons donc pourvoir en cassation pour que cette sentence soit revue, au moins au niveau des dédommagements et pour que les articles 77, 78 et 108 du code des obligations et des contrats, soient pris en considération, dans le respect de la justice, pour rendre davantage justice aux victimes et à leurs familles qui ont subi des dommages psychosociaux. Cela ne veut pas dire que nous ne respectons pas la cour d’Appel mais nous estimons que le chemin est encore long pour arriver à une sentence qui répond aux conséquences psychologiques subies par les victimes ».