Mort de Ilias Tahiri, 18 ans : la diplomatie marocaine sommée de sortir de son silence

L’affaire, dont les détails se dévoilent par degrés, remonte à bientôt un an, mais de nouvelles révélations prouvent que le jeune Ilias Tahiri, hébergé dans un centre pour mineurs, a trouvé la mort étouffé par plusieurs gardes de sécurité. La diplomatie marocaine et les organes institutionnels sont sommés de réagir.

MAECI et les instances politiques consultatives qui représentent les Marocains établis hors du pays sont demandés à l’accueil. Les événements politiques ces derniers jours ont tous disparu devant l’acte d’horrible cruauté qui, dans la semaine, est venu surprendre et consterner l’opinion publique. La victime est un nommé Iliass Tahiri, âgé de dix-huit ans, tué en Espagne dans des circonstances atroces. Nous ne reproduirons pas ici les détails donnés par les feuilles quotidiennes sur cet incident, mais il est intéressant de savoir que Tahiri est mort immobilisé par six agents de sécurité pendant 13 minutes en application d’un protocole controversé sans qu’il ne démontre aucune résistance.

Iliass Tahiri a perdu la vie, le 1er juillet 2019, dans un centre pour mineurs – placé sous tutelle de l’État – d’Almería, dans le sud du du pays. Pour sa famille, tout ce qui s’est passé avant sa mort est entouré de zones d’ombre. Après avoir été soumis au protocole de «contention mécanique», il a perdu la mobilité de ses jambes. Cet événement a été suivi de mille péripéties, de poursuites judiciaires, de plusieurs soupçons quant à savoir si le jeune homme était vivant ou non lorsqu’il est entré dans la pièce dans laquelle il a théoriquement expiré.

C’est l’Espagne et ses institutions sociales et pénales; sans nul doute; qui gardent la première responsabilité de ce crime. S’il a provoqué une réprobation unanime dans le Royaume, force est de reconnaître que la diplomatie marocaine, représentée par Nasser Bourita, n’a pas réagi. Karima Benyaich, ambassadeur du Maroc à Madrid, Nezha El Ouafi, ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l’étranger, Driss El Yazami, le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), et son fidèle lieutenant Abdellah Boussouf se sont terrés dans un mutisme que rien n’explique. Aucune allusion au crime en question ne s’est glissée sous la plume toujours discrète et avare de ces responsables.

Il faut pourtant s’expliquer et qu’on sache si la diplomatie marocaine et ceux qui se font ses organes ont décidé de rayer l’honneur et la contestation du nombre de leurs devoirs. Ils représentent une nation qui a toujours engagé sa parole pour faire sortir de péril ou d’embarras ses ressortissants à l’étranger. Une réaction faible et rapide doit être déclamée pour que la facilité criminelle ne se transforme pas en une faculté légitime, afin que l’abus ne soit pas érigé en droit.

En janvier dernier, la juge d’instruction espagnole chargée de l’affaire avait conclu à un “décès brusque accidentel” et avait prononcé un non-lieu. Depuis, la famille de la victime a déposé un recours, encore à l’étude. Quel que soit l’avenir de cette affaire, toutes les délicatesses du langage peuvent tout au plus dissimuler, mais non élucider les conséquences de cette réalité douloureuse, le racisme et la maltraitance que rencontrent quelques Marocains en Europe et en Espagne surtout. La diplomatie marocaine et les différentes institutions qui s’occupent de la diaspora doivent insister sur l’importance des règles sacrées du droit et d’en revendiquer l’application.

La rigueur des termes pour condamner le meurtre d’Ilias Tahiri est nécessaire. Les Marocains, où qu’ils soient, ont le droit de pourvoir à l’intégrité de leurs intérêts dans la mesure de la justice. Quant aux institutions qui reçoivent ces intérêts en dépôt, à la charge de les conserver intacts, leur obligation est immense, sous peine de mépris envers la patrie, de ne laisser ni péricliter par inconséquence, ni défaillir par nonchalance, la sauvegarde qui repose sur leur tête.

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