Les pilotes de la RAM se désolidarisent de leur entreprise et de l’effort national pour juguler les effets du Coronavirus

Dans un mail adressé vendredi à la direction de Royal Air Maroc, le personnel naviguant technique (PNT) se désolidarise de sa compagnie. Et de son pays. Et ce, en temps de pandémie. 

Un pays est une entité, une identité. Ce sont aussi des millions de gens. Près de 40 millions, dont près du tiers vit dans la précarité.

D’habitude prompts à défendre les employés, le mail que le PNT a fait parvenir au PDG de RAM nous laisse perplexe. Jugez-en par vous-même.

La Compagnie aérienne, en difficulté financière, a demandé à ses employés, toutes catégories confondues, de consentir un effort durant la période de confinement où les appareils sont à terre, affectant la trésorerie de ce fait. RAM a avisé les pilotes dont les salaires mensuels varient entre 130.000 et 180.000 dhs net, que durant cette période elle en ponctionnerait 30% pour continuer à faire face à ses charges de fonctionnement, précisant que ces ponctions leur seront reversées dès la reprise de l’activité de la compagnie.

Les employés dont le salaire mensuel est égal ou inférieur à 10.000 dirhams ne sont pas concernés par cette mesure, mais ceux qui touchent entre 10.000 et 30.000 dirhams subiront un prélèvement de 10% qui leur seront restitués plus tard. Royal Air Maroc en a appelé au civisme, à l’esprit d’appartenance à l’entreprise et à la solidarité nationale dont font preuve tous les marocains dans cette situation exceptionnelle.

Cet effort sous forme de prêt a été refusé en bloc non par les petites et moyennes catégories, mais par le PNT, les pilotes dont chacun perçoit jusqu’à 60 fois le SMIG. «(…) nous revenons à la charge concernant le salaire du personnel navigant technique. Nous vous demandons de bien vouloir donner vos instructions afin de continuer à produire sans aucune modification le « Bulletin de Paie » conformément au règlement de paie PNT en vigueur», écrit le PNT au PDG de RAM.

Crise ou pas crise, covid-19 ou pas, le PNT n’en a cure. D’ailleurs, là où des responsables dans d’autres secteurs aux salaires beaucoup moins élevés que ceux des pilotes, ont fait don d’un mois de salaire au fonds spécial de lutte contre le coronavirus, les 600 pilotes de RAM dont le salaire mensuel net de chacun d’eux varie, rappelons-le, entre 130.000 et 180.000 dirhams, ont collecté environ 2 millions de dirhams au profit du fonds. Soit une contribution moyenne d’environ 3.000 dirhams par pilote !!! Les Marocains s’en souviendront.

Mais le plus triste est à venir : « D’autre part, l’ensemble des PNT est en attente du virement en euro du mois de Mars, afin d’honorer leurs engagements », poursuit la lettre du PNT au PDG de RAM.

En effet, il y a quelques années, les pilotes de RAM avaient exigé et obtenu, on ne sait de quel droit, que leur soit versée mensuellement dans un compte à l’étranger, une partie de leur salaire, soit 1.500 € (16.000 dirhams environ). Ils ont quasiment tous ouvert un compte bancaire en France, plus précisément au quartier parisien de Montparnasse, selon des sources sûres de barlamane.com. L’Office des Changes avait alors donné son aval pour cette opération, mais exigé des pilotes de signer un document dans lequel ils s’engageaient à ne pas acquérir de bien immobilier à l’étranger. Document que les pilotes se sont bien gardé de signer, selon les sources de barlamane.com. Dans sa lettre au PDG, le PNT parle d’engagement à l’étranger. Mis à part d’éventuels frais scolaires, de quels engagements il s’agit si ce n’est le remboursement de prêts bancaires ?

Le temps de la reddition des comptes n’est-il pas venu pour que tout le monde se conforme à la loi ? N’est-ce pas monsieur le chef du gouvernement ?

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