Depuis maintenant 14 jours, les Libanais réclament le départ de l’ensemble de la classe politique, jugée corrompue et incapable de trouver des solutions à la crise économique et sociale. Hier, ils ont appris la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri. Au Liban, la rue demande aujourd’hui un gouvernement composé de technocrates.
Au Liban, le système politique est basé sur une démocratie consensuelle basée sur le pacte national libanais, un pacte non écrit qui date de 1943, qui répartit les hautes fonctions de l’Etat, selon leur importance, en fonction du poids démographique des communautés. Le pacte alloue ainsi par coutume les fonctions publiques suivant des lignes religieuses, les trois premières positions au pouvoir sont réparties comme suit : le Président est toujours un chrétien maronite tandis que le Chef du gouvernement est sunnite et le Chef du Parlement est chiite.
Aujourd’hui, les Libanais veulent réformer le système politique confessionnel du Liban. Ils réclament la formation d’un gouvernement transitoire composé de technocrates, de spécialistes qui n’ont aucun lien avec la classe politique actuelle. Ce gouvernement sera chargé de gérer les affaires courantes du Liban, mais aussi l’organisation d’élections anticipées. Ceci permettra à de nouveaux candidats issus de la société civile de se présenter aux élections. Ils devront, comme dans toutes les démocraties, présenter un programme, participer à des débats et aller à la rencontre des électeurs. Les Libanais se sont lassés d’avoir les mêmes textes, les mêmes politiques et les mêmes clans qui se passent le pouvoir à tour de rôle. Pour eux, les têtes dirigeantes ne se renouvellent pas. Tout est basé donc sur une alternance. « Espérer d’aller vers quelque chose de différent » semble être la signature de la rue.
Toutefois, la situation économique au Liban laisse à désirer. Riad Salamé, Gouverneur de la Banque centrale, a déclaré sur une télévision américaine que l’économie du Liban est au bord du gouffre. Il a averti que son économie pourrait s’effondrer dans quelques jours si aucune solution n’était trouvée. Selon les manifestants, le gouvernement corrompu est en train de rapprocher le pays de l’effondrement économique et d’une situation sans précédent depuis la guerre civile qui a pris fin en 1990. En plus de cela, le pays du cèdre est l’un des pays les plus endettés au monde, avec un ratio dette / PIB de 152%.
Il semble que le futur du Liban est incertain. La classe politique a été prise de court et la confiance de la population en son gouvernement est déjà brisée. Celle-ci ne cesse de rejeter en bloc les réformes proposées par l’Exécutif libanais et mise sur un changement total des têtes dirigeantes de son pays étant donné qu’elle demande un « gouvernement de technocrates » qui va préparer par la suite des élections anticipées mais surtout démocratiques.