De 1996 à 2021, l’Algérie a expédié vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME (Gaz Maghreb Europe), un gazoduc traversant le Maroc. Rabat avait déjà annoncé qu’elle ne laisserait pas ce gazoduc rouiller.
Le Maroc cherche à importer pour la première fois du gaz naturel liquéfié en utilisant un pipeline qui acheminait auparavant des approvisionnements algériens vers l’Espagne, annonce Bloomberg ce 2 février. «Comme le Maroc ne dispose pas de terminaux pour gérer lui-même le GNL, il souhaite envoyer des cargaisons en Espagne, où le carburant peut être regazéifié puis acheminé à travers la Méditerranée jusqu’au Maroc», écrit le magazine.
Les prix du gaz canalisé et du GNL en Europe ont grimpé en flèche au cours de l’année écoulée dans un contexte de pénurie et de tensions croissantes avec la Russie au sujet de l’Ukraine. Pourtant, l’Espagne, qui détient près d’un tiers de la capacité européenne de regazéification de GNL, ne dispose que d’un petit pipeline la reliant au reste du continent. Ses terminaux d’importation sont également sous-utilisés, «ce qui signifie qu’ils pourraient avoir une capacité d’acheminement du gaz vers le Maroc», note la même source.
Début janvier, le Maroc a invité un groupe restreint de négociants en GNL à soumissionner pour des contrats, a déclaré la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, dans une interview. Le gouvernement veut signer des accords d’au-moins cinq ans, affirme Bloomberg.
Le ministère espagnol de la transition écologique, qui supervise la politique énergétique, a déclaré que le Maroc pourrait utiliser les terminaux méthaniers espagnols. «Le Maroc a demandé de l’aide pour garantir sa sécurité énergétique fondée sur des relations commerciales, et l’Espagne a répondu positivement à la demande», a déclaré le ministère dans un communiqué à Bloomberg. «Le Maroc pourra acquérir du GNL sur les marchés internationaux, décharger dans une usine de regazéification en Espagne et utiliser le gazoduc maghrébin pour l’acheminer sur son territoire», a-t-on ajouté.
Pour que le plan se concrétise, l’opérateur de réseau espagnol Enagas SA devrait conclure un accord d’interconnexion avec le Maroc, qui consomme environ 1 milliard de mètres cubes de gaz chaque année. «Le Maroc essaie de stimuler ses sources d’énergie renouvelables. En 2020, il disposait de plus d’énergie éolienne que tout autre pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, selon l’Agence internationale des énergies renouvelables basée à Abou Dhabi», conclut Bloomberg.
