Le Canada, sanctuaire des cybercriminels ? l’essor inquiétant de la diffamation et du chantage en ligne

Réputé pour son attachement aux libertés fondamentales, le Canada est aujourd’hui confronté à une réalité préoccupante : l’essor incontrôlé de réseaux spécialisés dans la diffamation et l’extorsion sur les plates-formes numériques. Derrière un vernis de militantisme ou de journalisme d’investigation, certains ont fait de la calomnie un véritable modèle économique, exploitant les lacunes du cadre juridique canadien pour agir en toute impunité.

Des figures controversées au cœur du système

Parmi les principaux acteurs de ce phénomène, Hicham Jerando, l’animateur malfamé de la chaîne “Tahaddi” et Abdelmejid Tounarti, gestionnaire de la page “Lfercha”, se distinguent par leurs campagnes de dénigrement ciblées. Sous prétexte de “révéler des vérités cachées”, ces énergumènes médiatiques n’hésitent pas à user de méthodes relevant du harcèlement et du chantage. Leur objectif ? Détruire la réputation de personnalités publiques, d’entrepreneurs ou d’institutions étatiques, souvent moyennant finance.

Prenons l’exemple de Hicham Jerando : Il a déjà été reconnu coupable d’outrage au tribunal, en janvier 2024, pour avoir refusé de se conformer à une ordonnance de la Cour supérieure du Québec lui enjoignant de retirer des vidéos dans lesquelles il qualifiait, sans preuve tangible, un officier de justice marocain d’«avocat véreux» en lien avec un «réseau criminel de corruption relié au système judiciaire et au blanchiment d’argent.»

Sa victime, Najim Bensami, a reçu à son domicile des menaces violentes soutenant qu’il «mérite d’être enterré vivant» et de se faire «couper la tête ainsi qu’à toute [sa] famille» peu de temps après la diffusion des vidéos de M. Jerando. Celui-ci, obscur propriétaire d’un commerce de vêtements, était jusqu’à tout administrateur de la société de développement commercial District Central. Il y siégeait au côté de la maire de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier. Affabulateur, Hicham Jerando prétend sur sa page LinkedIn qu’il gère GOPS.7 aéronautique, une société qui fait de la «vente et [location] des avions d’affaires» ainsi que de l’«accompagnement dans le monde de l’aéronautique.» Dans les faits, sa seule activité est la promotion de robots culinaires.

Autre nom qui revient avec insistance : Zakaria Moumni, dont l’image de dénonciateur s’est progressivement effacée derrière des accusations d’invectives systématiques et de pressions exercées sur ses cibles. Loin d’incarner une voix dissonante, les individus susmentionnés se sont mués en acteurs d’une guerre informationnelle où l’invective prend le pas sur le débat.

Une impunité inquiétante

Ce phénomène n’aurait pu prospérer sans une faille juridique majeure : la difficulté d’appliquer efficacement les lois canadiennes sur la diffamation et les abus numériques. Si des dispositions existent, leur mise en œuvre reste laborieuse, laissant un espace de liberté aux cybercriminels qui exploitent les lenteurs administratives et les subtilités du droit canadien pour échapper aux poursuites légales.

Dans ce contexte, le Canada se retrouve face à un dilemme : préserver la liberté d’expression tout en empêchant son détournement à des fins criminelles. Or, en l’absence de mesures concrètes, la multiplication des attaques en ligne et des campagnes de chantage met en péril aussi bien des individus que la crédibilité du pays en tant qu’État de droit.

L’urgence de la situation appelle à une refonte du cadre réglementaire canadien. De plus en plus de voix réclament un durcissement des lois pour endiguer ces dérives, notamment en facilitant la coopération avec les pays concernés par ces cyberattaques. L’enjeu dépasse la simple question de la diffamation : il s’agit de préserver l’intégrité du débat public et d’empêcher que les réseaux sociaux ne deviennent des instruments d’intimidation et d’outils de nuisance.

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