Le Brexit et l’ordre mondial : une conférence de grande facture à l’académie du Royaume du Maroc

Dans le cadre de ses activités, l’Académie du Royaume du Maroc a organisé aujourd’hui une conférence sous le thème « Grande-bretagne, Union européenne et un ordre mondial en mutation » avec la présence de Lord Peter Ricketts, grande figure de la diplomatie contemporaine.

La conférence s’inscrit dans le contexte d’un débat mouvementé entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne (UE) au sujet de leurs futures relations après le Brexit. Ceci est un indicateur des nombreux et profonds changements en cours dans la scène internationale. La dégradation du système de multilatéralité mis en place depuis 1945, le retour de la grande compétitivité des superpuissances et la montée des États nationalistes, peu enclins à respecter les règles qui sont établies, ont pour conséquence une incertitude accrue dans l’avenir du monde pour les autres pays.

M. Ricketts estime que la situation de la Grande-Bretagne est symptomatique de plusieurs pays de l’UE et du monde, à l’instar des États-Unis et de la France. Il l’explique par « le sentiment d’austérité provoqué par le crash économique de 2008 et qui a entraîné une décadence dans le pays, dans les services publics, sociaux, et médicaux. » Le diplomate estime que « les Anglais ont eu le sentiment que la mondialisation et la modernisation économique ne leur ont bénéficié en rien, surtout que leurs revenus n’ont pas augmenté depuis une décennie. »

S’ajoute à cela une véritable hostilité à l’égard des immigrants, sentiment qui s’est peu à peu installé avec l’affluence d’un million de migrants polonais.

C’est une conjugaison de tous ces facteurs qui, selon M. Ricketts, a poussé 52% des anglais à voter en faveur du Brexit, lors du référendum, d’autant que ces « phénomènes ont été exploités par les parties pro-Brexit afin d’alimenter la colère des Anglais à qui l’on a fait croire que l’UE était la cause de tous ces problèmes ». Pour M. Ricketts, « c’était faux, mais efficace ».

De plus, « la relation de la Grande-Bretagne avec l’UE est très différente », ajoute M. Ricketts. Il illustre cela savamment par le fait que « lier les économies des pays entre elles était le meilleur moyen d’éviter un nouveau déclenchement de conflit, surtout après la deuxième guerre mondiale ». Cependant, les choses diffèrent pour la Grande-Bretagne puisqu’elle « n’a jamais considéré l’UE comme un moyen de garantie sécuritaire », affirme M. Ricketts.

Sortir de l’UE s’avérera difficile, particulièrement avec une perspective de no deal, estime le diplomate anglais : « le Brexit a provoqué une crise constitutionnelle dans un pays qui n’a même pas de constitution écrite, affirme M. Ricketts. Ainsi, poursuit-il, «il est difficile de prédire ce qui se passera dans les années à venir».

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