Le blé meunier coté sur Euronext a poursuivi son recul mercredi 5 mars, atteignant un plus bas de six mois sous l’effet du raffermissement de l’euro et des incertitudes entourant les répercussions des nouveaux droits de douane américains. Dans le même temps, le colza a chuté à son niveau le plus faible en trois mois, pénalisé par le repli des cours du pétrole.
Le contrat blé pour livraison en mai (BL2K5) a clôturé en baisse de 0,2 % à 223,00 euros la tonne, après avoir touché un plancher à 220,50 euros, son niveau le plus bas depuis le 28 août, en deçà du seuil atteint la veille. En fin de séance, les pertes se sont quelque peu réduites à la faveur de spéculations sur une éventuelle exemption tarifaire de certains produits importés du Canada et du Mexique.
L’annonce attendue de cette mesure par Washington, évoquée par le secrétaire américain au commerce Howard Lutnick après l’entrée en vigueur mardi de droits de douane de 25 % sur les importations en provenance des deux pays, a favorisé un regain d’intérêt pour les céréales cotées à Chicago. Toutefois, les investisseurs restent prudents face aux tensions commerciales et à leurs effets potentiels sur la croissance mondiale.
«Dans l’ensemble, les marchés semblent s’être résignés à l’idée que ces droits de douane nuiront à la demande», a observé un opérateur allemand. L’appréciation de l’euro, qui a atteint un sommet de quatre mois face au dollar, a accentué la pression sur les prix en réduisant la compétitivité des exportations européennes. Malgré cet obstacle, le blé de l’Union européenne profite d’un regain d’intérêt à l’exportation, les prix russes s’affichant désormais au-dessus des niveaux ouest-européens.
«Les tarifs du bassin de la mer Noire dépassent à présent ceux de l’Europe de l’Ouest, mais le blé américain commence lui aussi à redevenir compétitif, notamment pour les acheteurs nord-africains», a souligné un autre négociant en Allemagne.
Le Maroc guette
Le Maroc, acteur clé des importations de blé européen, a enregistré cette semaine des achats modérés auprès de fournisseurs allemands et d’autres pays d’Europe du Nord, principalement pour des livraisons en avril. Ces transactions s’ajoutent aux volumes acquis la semaine dernière. Toutefois, des voix s’élèvent pour anticiper un ralentissement des importations marocaines d’orge fourragère et d’autres céréales destinées à l’alimentation animale, en raison d’une amélioration des conditions météorologiques. Après une période de sécheresse prolongée, les précipitations récentes ont contribué à la reprise des pâturages dans le pays.
Sur le marché français, les conditions climatiques de la semaine, marquées par un temps doux et ensoleillé, sont jugées favorables aux cultures. Toutefois, les excès de pluie accumulés ces derniers mois continuent de nourrir des inquiétudes.
«Les sols restent saturés, empêchant une bonne infiltration de l’eau. En conséquence, de nombreuses parcelles de blé seront perdues, ce qui nécessitera d’importantes replantations», a alerté Éric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB).
Dans le secteur des oléagineux, le colza pour échéance mai (COMK5) a plongé de 2,2 % pour s’établir à 499,50 euros la tonne, après avoir atteint un creux inédit depuis le 28 novembre à 498,25 euros. La vigueur de l’euro et le repli des cours du pétrole ont éclipsé le rebond du canola canadien et du soja américain, limitant tout espoir de redressement immédiat.