L’Algérie échoue à infléchir la position du Ghana sur le Sahara malgré son offensive diplomatique

Les efforts déployés par l’Algérie pour convaincre le Ghana de revenir sur sa position en faveur de la souveraineté du Maroc sur son Sahara se sont soldés par un échec cuisant, confirmant ainsi une tendance observée dans de nombreux pays africains qui refusent de céder aux pressions d’Alger sur cette question.

Le président de l’Assemblée populaire nationale algérienne, Ibrahim Boughali, a reconnu l’incapacité de son pays à infléchir la politique ghanéenne lors de son entretien avec le président du Parlement du Ghana, Alban Sumana Kingsford Bagbin, en marge de leur participation à la troisième session des Africa Prosperity Dialogues (APD) 2025.

Boughali a exprimé ses «regrets» face au revirement du Ghana sur le dossier du Sahara, une allusion à la décision prise par Accra de retirer sa reconnaissance du Front Polisario. Ce changement d’orientation s’inscrit toutefois dans un élan plus large au sein du continent, où de nombreuses capitales africaines abandonnent progressivement leur soutien à la thèse séparatiste, portée par l’Algérie.

Plusieurs pays, autrefois alliés du Polisario, ont opté pour une approche plus pragmatique, privilégiant l’appui aux efforts des Nations unies en vue d’un règlement politique réaliste et mutuellement acceptable. Cette évolution traduit une prise de conscience grandissante de la nécessité d’adopter des politiques alignées sur les intérêts stratégiques du continent, loin des dogmatismes idéologiques du passé.

L’Algérie peine à contrer la diplomatie marocaine

Le communiqué diffusé par l’Assemblée nationale algérienne, largement relayé par les médias, illustre l’acharnement d’Alger à rallier des soutiens africains à sa vision du conflit saharien. Pour ce faire, l’Algérie mise sur des propositions économiques concurrentes face aux projets de Rabat, qui a su tisser des partenariats solides à travers le continent grâce à des projets de développement stratégiques.

«L’Algérie accorde une importance capitale à la coopération intra-africaine et considère le continent comme sa profondeur stratégique et un garant de sa stabilité», a clamé Boughali. Il a notamment mis en avant l’engagement de son pays dans plusieurs projets structurants, tels que la ratification de l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) en avril 2021, la construction de la route transsaharienne reliant le nord au sud du continent ainsi que des projets d’interconnexion énergétique destinés à renforcer la sécurité énergétique des populations africaines. Malgré cela, le Ghana n’a prêté qu’une oreille distraite à sa plaidoirie.

L’un des principaux arguments avancés par Alger réside dans la mise en place d’un gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger, destiné à faciliter l’exportation du gaz africain vers l’Europe. Mais malgré ces annonces, ces efforts n’ont pas suffi à modifier les positions des États africains qui ont récemment renforcé leur soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Un succès diplomatique pour le Maroc

Le Maroc, de son côté, ne s’est pas contenté d’une approche purement économique. Il a également joué un rôle de médiateur dans plusieurs crises africaines, adoptant des positions équilibrées et conformes aux principes de la légalité internationale, du respect de la souveraineté des États et du règlement pacifique des différends.

Le revirement du Ghana en faveur de la position marocaine constitue une avancée diplomatique majeure pour Rabat. Accra, qui a historiquement exercé une influence majeure au sein des instances de l’Union africaine, rejoint ainsi une tendance de fond qui a vu de nombreux pays africains retirer leur reconnaissance du Polisario. Depuis l’an 2000, le Maroc est parvenu à convaincre 46 pays, dont 13 États africains, de rompre ou de suspendre leurs relations avec le mouvement séparatiste, marquant un tournant décisif dans la perception internationale du différend saharien.

Pour Mohamed Salem Abdel Fattah, président de l’Observatoire sahraoui des médias et des droits de l’Homme, «la diplomatie marocaine s’est récemment distinguée par une présence forte et efficace sur la scène africaine et internationale, parvenant à contenir et à marginaliser le discours séparatiste promu par Alger.» Ce mouvement pourrait ouvrir la voie à une réévaluation de la présence du Polisario au sein de l’Union africaine. Selon plusieurs observateurs, son statut d’entité membre ne répond à aucun des critères requis pour être considéré comme un État souverain.

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