«La police lance une application mobile pour traquer les déplacements», c’est le titre d’une dépêche hier mercredi de l’AFP, l’agence gouvernementale française d’information, consacrée au Maroc.
Le titre est édifiant. Tout y est, et les abonnés de l’agence officielle de l’Hexagone n’ont pas besoin de lire l’intégralité de l’article. La voix de la France inocule ainsi son venin, et croit que le mal est fait.
Pour ceux qui disposent de plus de temps de lecture malgré le flot d’informations en ces temps de Covid-19, ils sont davantage servis : L’AFP a «constaté» que la police marocaine utilise depuis quelques jours une application mobile pour suivre ceux qui ne respectent pas les restrictions de déplacement imposées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Le choix de vocabulaire qui induit facilement en erreur les lecteurs et abonnés non avertis de l’AFP sur la démarche des autorités marocaines alors que le coronavirus fait rage, est tout simplement pernicieux.
Au passage, remarquons que l’AFP trahit l’AFP en permettant au lecteur de comprendre que les « déplacements » dont parle le titre concernent uniquement ceux des contrevenants à l’état d’exception sanitaire et non tous les faits et gestes des Marocains.
Le même titre emploie le verbe «traquer» là où les autorités marocaines parlent de «suivre», «contrôler», donc tracer et non «traquer» comme le sert l’agence française sans vergogne à ses abonnés. Le Maroc n’a jamais demandé à l’AFP d’être à la hauteur de Reuters ni d’Associated Press en matière d’impartialité et de crédibilité. Il lui a toujours recommandé de rapporter les faits tels qu’ils sont sans mensonge. Mais c’est, semble-t-il, au-dessus de ses moyens. Car, en attendant le nouvel ordre mondial post coronavirus, l’AFP est condamnée à être encore l’outil des apprentis sorciers modernes de Jacques Foccart et de sa France Afrique et d’un pré carré français désormais chimérique.
L’AFP a «constaté», lit-on dans la dépêche. De quel constat se pavane-t-elle, puisque la mesure avait été rendue publique 48 heures auparavant par les autorités marocaines et reprise par des dizaines de supports nationaux. Mais le ridicule ne tue pas. L’application décidée par le gouvernement marocain et non par la police comme le dit l’agence gouvernementale française est une application de traçage, et non de traquage. Oui, la différence est grande, puisque le traquage est, selon le Larousse, l’action de poursuivre une personne en fuite pour l’arrêter. Même la dépêche MAP sur laquelle l’AFP a prétendu se baser pour son information, ne fait en aucun cas état d’un traquage des citoyens. Et pour cause, les Marocains ne sont ni des évadés à « traquer », encore moins des pions d’un quelconque jeu vidéo géant à la Hunger games.
En ces temps de Covid-19, ayant suivi les sales temps du Hirak des gilets jaunes, l’AFP a plutôt intérêt à dire la vérité aux français plutôt qu’à se cramponner à un passé révolu.