Au Maroc, la situation économique est inquiétante pour l’ensemble des intervenants, notamment les TPE-PME. Ce segment d’entreprise, déjà fragilisé, doit désormais faire face à un autre grand défi qui menace sa survie.
L’impact du coronavirus sur les TPE-PME s’annonce sévère. Leur chiffre d’affaires est en chute libre depuis le début de la crise. Aujourd’hui, plus de 5 millions de TPE-PME sont dans une situation délicate, notamment parmi les petits commerces et les entreprises opérant dans l’événementiel.
Pour tenter d’endiguer la crise économique de grande envergure qui s’annonce pour les semaines et peut-être les mois à venir, l’Exécutif a d’ores et déjà mis en place un comité de veille économique. Et les échanges entre les membres dudit comité, lors de sa première réunion qui a eu lieu hier, ont mis en exergue les retombées négatives attendues de cette crise sur de nombreux secteurs d’activité.
Ainsi, il a décidé de mettre en place un plan d’action, qui s’étalera jusqu’à fin juin. Une première série de mesures consistera en la suspension du paiement des charges sociales, à savoir les cotisations CNSS, et la mise en place d’un moratoire pour le remboursement des crédits bancaires au profit des entreprises. Ces mesures devront être opérationnelles à partir de lundi 23 mars. Dans ce cadre, un comité technique a été créé pour préparer un guide explicitant les modalités et les conditions d’octroi de ces mesures, au cas par cas. Toutefois, l’inquiétude des entrepreneurs n’a fait que grandir alors que ces mesures devaient les rassurer. D’après eux, ces deux recommandations ont été formulées d’une manière vague. Ils redoutent ainsi leur inefficacité et se demandent si elles seront suffisantes pour redresser l’économie nationale et aider les entreprises à amortir le choc économique.
Rappelons que les TPE-PME, qui forment plus de 95% du tissu économique national et auxquelles tout un dispositif de sauvetage a été récemment dédié, se voient face à une conjoncture plutôt délicate. Dans ce cadre, la Confédération marocaine de TPE-PME a tenu, samedi, un conseil d’administration extraordinaire pour examiner la situation et livrer ses propositions en ce contexte. Cinq recommandations ont été émises afin de prêter main-forte aux entreprises les plus fragilisées.
Il s’agit de l’exonération totale des charges sociales et de l’impôt sur le revenu des TPE-PME et des auto-entrepreneurs pendant la période de pandémie, ainsi que la création d’un fonds de soutien pour les TPE-PME. La Confédération marocaine de TPE-PME recommande de faire bénéficier l’ensemble des TPE-PME et des auto-entrepreneurs du programme d’appui INTILAKA. Il est aussi question d’annuler les pénalités de retard et débloquer les acomptes et paiements définitifs dans l’exécution des marchés publics pour les TPE-PME.
Selon la Confédération marocaine de TPE-PME, il est aujourd’hui essentiel de reporter les échéances des déclarations fiscales, fixées au 31 mars pour les personnes morales et au 30 avril pour les personnes physiques et auto-entrepreneurs. Le report du paiement des impôts et taxes est également espéré. Les membres de la confédération recommandent également de faire bénéficier les TPE-PME et auto-entrepreneurs d’un délai de grâce de 18 mois ainsi que de suspendre par ordonnance l’ensemble des échéances de crédits avec suspension des intérêts.
Pour le moment, les temps sont durs pour les TPE-PME. La gravité de l’épidémie du coronavirus avec toutes les mesures de restriction sur les activités des citoyens et sur les déplacements en a accentué les effets. Soulignons que le Souverain a donné ses instructions au gouvernement pour procéder à la création immédiate d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du coronavirus.
Doté d’une enveloppe de 10 MMDH, ce fonds sera réservé à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical et au soutien de l’économie nationale. Et ce, à travers une batterie de mesures qui seront proposées par le gouvernement ; notamment en termes d’accompagnement des secteurs vulnérables aux chocs induits par la crise du coronavirus, tels que le tourisme, ainsi qu’en matière de préservation des emplois et d’atténuation des répercussions sociales de cette crise. Le décret de création du fonds a été publié aujourd’hui au Bulletin officiel. Ce fonds sera alimenté par : la contribution du budget de l’Etat, la contribution des entreprises et établissements publics, la contribution des organisations et instances internationales, la contribution des régions, qui est de 1,5 MMDH et l’amende décidée par l’ANRT contre Maroc Telecom, qui est de 3,3 MMDH. Il peut être également financé aussi bien par des personnes morales [NDLR : des entreprises privées] que des personnes physiques. Il faut savoir que les modalités de collecte de ces dons sont déductibles fiscalement. Il est ainsi possible de réduire ses impôts en versant des dons à ce fonds.
Rappelons que Bank Al-Maghrib tient aujourd’hui son conseil trimestriel. Les attentes du monde économique sont fortes compte tenu des ravages du coronavirus. Pour plusieurs entrepreneurs, le Wali de BAM peut appeler l’Exécutif à adopter des mesures encore plus fortes et plus pragmatiques afin d’endiguer cette crise économique. Développements à suivre.