La DGAPR concrétise un consortium de recherche dans le cadre d’un jumelage institutionnel avec l’Union Européenne

Dans le cadre de sa politique de modernisation de l’institution pénitentiaire, la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) a procédé, aujourd’hui à Rabat à la signature de conventions concrétisant un consortium recherche avec 8 universités marocaines, dans le cadre d’un projet de jumelage institutionnel en partenariat avec la Délégation de l’Union européenne au Maroc (DUE), visant à renforcer les capacités institutionnelles de DGAPR.

Dans le sillage du projet de jumelage institutionnel, qui a débuté en juin 2018, entre les deux institutions, la DGAPR et la DUE ont procédé aujourd’hui à la signature de plusieurs conventions. Elles relèvent d’un consortium de recherche entre la DGAPR et les 8 principales universités marocaines. Il s’agit de l’Université Mohammed V de Rabat, l’Université Hassan II de Casablanca, l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès, l’Université Ibn Tofail de Kénitra, l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan, l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, l’Université Ibn Zohr d’Agadir, et l’Université internationale de Rabat.

Ce projet vise à développer la recherche scientifique dans le domaine pénitentiaire. Dans ce sens, il mobilise l’expertise de 3 Etats membres de l’UE : la France, la Belgique et l’Italie, puisque ces trois pays partagent la même conception de la prise en charge des personnes relevant de la responsabilité pénitentiaire. Cette conception est basée sur des règles internationales en vigueur et de la jurisprudence de différentes juridictions internationales dans le domaine pénitentiaire. En chiffres, ce projet de jumelage institutionnel, d’une durée de 30 mois et qui a mobilisé un budget d’1,5 millions d’euros, a abouti à la formation de 700 cadres marocains au Centre National de formation des cadres de l’Administration pénitentiaire de la DGAPR à Tifelt, à travers 900 jours d’expertise technique européenne mobilisée à Rabat pour 86 mission, 7 visites d’études thématiques au sein des Etats membres de l’UE, et un stage d’immersion au sein d’une école de formation pénitentiaire.

S’exprimant lors d’une allocution d’ouverture à l’occasion du colloque inaugural, le Délégué général à l’Administration pénitentiaire et à la Réinsertion, Mohamed Salah Tamek, a affirmé que « les recherches qui seront accomplies par le consortium auront pour objectif la production d’une connaissance objective et précise sur les différentes questions et problématiques liées à la gestion pénitentiaire et à la préparation à la réinsertion dans son rapport avec la prévention de la récidive ». Il explique que ces recherches « auront certainement un impact positif aussi bien sur la gestion de la population carcérale que sur l’efficacité des programmes de préparation à la réinsertion, parce que leurs résultats permettront de mieux connaitre la population carcérale et d’indexer les programmes de préparation à la réinsertion sur les particularités et les besoins des différentes catégories de détenus ». Par ailleurs, « ces recherches permettront de concevoir des programmes de formation sur des bases scientifiques et de fournir au personnel pénitentiaire une connaissance objective de la réalité carcérale et des outils efficace de gestion des différentes catégories de détenus », conclut M. Tamek.    

Comme mentionne plus haut, ce projet a pour objectifs de renforcer les capacités institutionnelles de la DGAPR et de poursuivre le processus de réforme pénitentiaire en soutenant des actions qui viendront en complément de celles déjà engagées. Cela passe naturellement par diverses actions. Le projet de jumelage s’articule autour de 5 grands axes. En premier lieu, il s’agit d’apporter un soutien au processus de convergence vers les meilleures pratiques européennes dans le domaine de la gouvernance pénitentiaire, en aidant la DGAPR à assimiler les bonnes pratiques européennes tant sur le plan institutionnel que statutaire et managérial, et ce, via la réalisation d’études. En deuxième lieu, il s’agit de promouvoir le renforcement institutionnel de la DGAPR, à travers l’organisation d’une conférence nationale de consensus sur des problématiques pénitentiaires variées. L’émergence de débats participatifs et constructifs permettra d’aboutir à une réflexion constructive dans le but de déterminer des orientations stratégiques à même de moderniser la politique pénitentiaire marocaine.

En troisème lieu, ce jumelage se base également sur la formation en management des hauts cadres de la DGAPR, notamment en approfondissant leurs approches des Droits de l’Homme et l’égalité des genres. Quatrièmement, il s’agit de concevoir des référentiels métiers et compétences pédagogiques, de manière participative. Des fiches de poste et une charte déontologique seront également élaborées. Et puis, en dernier lieu, plusieurs formations et bourses seront dispensées pour renforcer les compétences du personnel pénitentiaire, et ce dans différentes spécialisations.

L’importance de cette collaboration réside dans le fait que les connaissances produites par la recherche, bien qu’elles soient extrêmement indispensables, sont rarement appliquées dans le système social dans lequel nous évoluons, alors qu’elles sont la clé de tout réforme institutionnelle. Dans ce consortium de recherche vise à équiper la DGAPR d’outils de décision et de gouvernance probants. De leur côté, les universités ont une responsabilité sociétale et citoyenne qu’elles remplissent à travers cette optique de recherche. Ce consortium de recherche s’attèlera à plusieurs sujets de recherche, comme la santé des personnes détenues, la radicalisation, les femmes et les mineurs en détention, le vieillissement en prison, la précarisation des personnes détenues ou encore le droit pénitentiaire.

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