Les importations marocaines de bétail ont atteint 5,5 milliards de dirhams en 2024, en hausse de 95 % par rapport à l’année précédente selon des chiffres officiels. Malgré la levée des droits de douane et les aides publiques accordées aux importateurs, les prix de la viande rouge restent à des niveaux records. La chute du cheptel national, en recul de 38 % a poussé le roi Mohammed VI à recommander aux Marocains de renoncer au sacrifice de l’Aïd cette année, une mesure sans précédent face à la crise du secteur.
En dépit d’un afflux massif de bétail importé, soutenu par des exonérations fiscales et des subventions publiques, le prix de la viande au Maroc demeure à des niveaux historiquement élevés, alors que les doutes sur la transparence des circuits de distribution s’étendent.
Selon les chiffres officiels du Bureau des changes, les importations marocaines de bétail ont atteint 5,576 milliards de dirhams en 2024, contre 2,857 milliards un an plus tôt, enregistrant une hausse spectaculaire de 95,2 %. Cette tendance s’est poursuivie en janvier 2025 avec un volume d’importations s’élevant à 449 millions de dirhams, soit une multiplication par 3,6 par rapport aux 124 millions enregistrés sur la même période en 2024.
Un marché sous tension malgré l’afflux de bétail importé
Le recours massif aux importations devait, en théorie, stabiliser les prix sur le marché national. Pourtant, les tarifs de la viande rouge continuent de grimper, atteignant jusqu’à 140 dirhams le kilogramme dans certaines régions contre 90 à 100 dirhams un an plus tôt. Cette situation révèle l’efficacité ankylosée des mécanismes de régulation et le rôle joué par les intermédiaires.
Le gouvernement avait suspendu les droits de douane sur l’importation de bovins et mis en place une aide directe aux importateurs, notamment en prévision de l’Aïd al-Adha. Toutefois, les bénéfices attendus de ces mesures ne se sont pas répercutés sur les prix à la consommation. Certains observateurs du secteurs pointent du doigt une concentration excessive des importations entre les mains d’un nombre restreint d’opérateurs, dix-huit précisément, ce qui limiterait la concurrence et favoriserait la spéculation.
Un cheptel en crise et un appel royal inédit
Parallèlement, le cheptel national connaît un déclin préoccupant. Selon le ministère de l’agriculture, le nombre de têtes de bétail a chuté de 38 %, passant à 18 millions, une baisse attribuée aux effets conjugués de la sécheresse et de la hausse des coûts de l’alimentation animale. Ce contexte a conduit le roi Mohammed VI à appeler récemment les Marocains à renoncer au sacrifice de l’Aïd cette année, une recommandation exceptionnelle visant à préserver les effectifs restants du cheptel.
Face à cette crise, Aziz Akhannouch et son gouvernement sont appelés à s’expliquer sur l’attribution des aides à l’importation et sur le contrôle des circuits de distribution.