Le conflit israélo-palestinien mobilise les décideurs politiques de toutes parts, et plus particulièrement entre le Maroc, le Caire et les Etats-Unis. Le week-end du samedi 22 juin a été prolifique en événements politiques autour de la cause palestinienne.
C’est pendant la journée du samedi 22 juin que des points de « l’accord ultime » de Donald Trump pour la Palestine ont été dévoilés sur le site officiel de la maison Blanche avant la rencontre officielle au Bahreïn qui doit avoir lieu demain mardi 25 et se clôturer mercredi 26. Bien qu’évalué à 50 milliards de dollars, cet accord a été immédiatement rejeté par les Palestiniens, peuple et autorités. Supposé fournir au peuple palestinien « les moyens de bâtir une société palestinienne prospère et dynamique », il a été rejeté, avant d’être connu dans sa totalité car il ne comporterait aucun volet politique. Pourtant, la création d’un Etat Palestinien est la première exigence de l’Autorité palestinienne.
En effet, la conférence de Manama vise à dévoiler le volet économique du plan de paix israélo-palestinien porté par le conseiller et gendre du président américain, Jared Kushner, en étroite collaboration avec Israël et l’Arabie saoudite. L’événement doit réunir les pays du Golfe, l’Égypte, la Jordanie. Alors que les responsables palestiniens avaient déjà annoncé qu’ils boycotteraient l’événement, la Maison-Blanche a indiqué ce lundi qu’elle n’invitait que des hommes d’affaires israéliens et palestiniens pour que le sommet « soit aussi apolitique que possible ».
Pour sa part, Mahmoud Abbas a déclaré dans un communiqué ce même samedi que « la situation économique ne doit pas être discutée avant qu’il y ait une discussion de la situation politique, et tant qu’il n’y a pas de discussion de la situation politique, nous ne parlerons d’aucune situation économique. Le premier pas vers la prospérité est de mettre fin à l’occupation ».
Dimanche 23 juin a également eu sa part d’événements concernant la conférence de Manama et la situation en Palestine : le Caire aura accueilli les ministres arabes des Finances pour une réunion d’urgence consacrée à la mise en oeuvre d’un filet de sécurité financière pour l’autorité palestinienne afin de lui permettre de faire face aux sanctions financières et économiques israéliennes. Le Maroc y a été représenté par M. Fouzi Lekjaa, Directeur du Budget au Ministère de l’économie et des finances ainsi que l’ambassadeur du Maroc au Caire et le représentant permanent du Royaume près la Ligue des Etats arabes, Ahmed Tazi.
Cette réunion s’avérait bien nécessaire puisque la situation actuelle dans les territoires palestiniens va de mal en pis, depuis que les sanctions économiques israéliennes ont lourdement impacté la situation financière du pays. Le ministre palestinien des Finances et de la Planification, Chokri Bechara a lancé un appel aux ministres arabes des Finances pour mettre en oeuvre le filet de sécurité financière arabe d’une valeur de 100 millions de dollars par mois conformément aux résolutions de la Ligue des Etats arabes.
Presque au même moment, au Maroc, des milliers de manifestants ont participé à une marche nationale pour réitérer leur solidarité avec le peuple palestinien. La marche a été organisée par l’association marocaine de soutien à la lutte palestinienne, le Groupe d’action national pour la Palestine, la Coalition marocaine des associations des droits de l’Homme et le Réseau démocratique marocain pour la solidarité avec les peuples. Plusieurs personnalités du monde politique et des citoyens y ont pris part. Des banderoles affirmant qu’Al Qods est la capitale de la Palestine et réitérant l’engagement du peuple marocain en faveur de la cause juste du peuple palestinien ont été hissées.
A cette occasion, l’ambassadeur de Palestine à Rabat, Jamal Choubki, a exprimé à la MAP, sa fierté et sa reconnaissance au peuple marocain qui est sorti aujourd’hui clamer les droits inaliénables des Palestiniens en vue de mettre fin à l’occupation et établir un Etat palestinien avec Al Qods comme capitale.
Concernant la conférence de Manama, les principaux intéressés la boycottant, celle-ci permettrait toute de même à l’administration américaine de rapprocher les Etats du Golfe de leur allié principal dans la région, Israël, dans le cadre d’une alliance anti-iranienne, analysent plusieurs experts mondiaux.
« Les priorités de sécurité nationale de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Bahreïn face à l’Iran pèsent bien davantage que la pression idéologique qu’a fait un temps peser la cause palestinienne sur les dirigeants arabes », estime l’analyste spécialiste du Moyen-Orient Neil Partrick dans une déclaration à l’AFP. En revanche, Yoel Guzansky, ancien directeur de la section « pays du Golfe » au Conseil national de sécurité israélien soutient le contraire : « si vous voulez unir tout le monde contre l’Iran, vous devez faire avancer le processus de paix » entre Israël et les Palestiniens.