Donald Trump veut utiliser la prison de Guantanamo pour détenir jusqu’à 30 000 migrants sans papiers

L’établissement pénitentiaire, normalement réservé aux détenus accusés de terrorisme, est actuellement évalué par l’administration pour la détention de migrants.

Donald Trump a annoncé mercredi vouloir que la prison militaire de Guantanamo, normalement réservée aux détenus accusés de terrorisme, se prépare à accueillir jusqu’à 30 000 migrants sans papiers. «Je vais signer aujourd’hui un décret demandant aux ministères de la défense et de la sécurité intérieure de préparer un centre pour 30 000 migrants à Guantanamo Bay», a déclaré le président américain, en ajoutant qu’il s’agirait de «criminels» en situation irrégulière.

La Maison Blanche a ensuite annoncé que le texte avait été signé, en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un «décret» mais d’un «mémorandum». Il prévoit de porter à «pleine capacité» un centre de rétention de migrants déjà existant sur la base pour y enfermer «des criminels étrangers présents de manière illégale» sur le territoire américain.

Donald Trump n’a cependant pas donné de détails logistiques ni expliqué où seraient installés ces migrants sur la base militaire américaine située à Cuba qui accueille une prison largement critiquée par les ONG. «Nous sommes en train d’évaluer la situation et d’en parler en ce moment même», a confié mercredi la secrétaire américaine à la sécurité intérieure, Kristi Noem sur la chaîne Fox News, en précisant que cette décision revient «au président». La prison «est un atout, et nous allons continuer à chercher comment utiliser tous nos atouts pour assurer la sécurité de l’Amérique», a-t-elle ajouté.

La prison de Guantanamo a été ouverte en 2002, à l’intérieur d’une base militaire américaine située sur l’île de Cuba, dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme» déclarée par l’ex-président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001. L’immense majorité des 780 détenus, qui ont d’abord été enfermés dans des cages puis dans des cellules construites à la hâte ont depuis été relâchés, certains après plus de dix ans de détention sans inculpation. En janvier 2025, il restait quinze prisonniers sur place. La prison de Guantanamo est devenue, pour de nombreuses ONG de défense des droits humains, un symbole des excès et de l’arbitraire dans la lutte contre le terrorisme, à cause de ses conditions de détention extrêmes et de son recours à la torture.

Des migrants déjà détenus dans la prison

Tom Homan, le conseiller spécial de Donald Trump en matière d’immigration, a indiqué lors d’un court échange avec la presse que le centre de rétention évoqué par le président américain serait géré par l’agence responsable du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE).

Les ex-présidents démocrates Joe Biden et Barack Obama ont tous les deux formulé le vœu de fermer la prison, sans jamais y arriver pendant leurs mandats respectifs. En septembre dernier, le New York Times a obtenu des documents gouvernementaux montrant que la base militaire de Guantanamo est également utilisée depuis des décennies par les États-Unis pour incarcérer certains migrants interceptés en mer.

Selon le journal, les migrants sont placés en détention dans un espace distinct de la prison où sont incarcérés les détenus accusés de terrorisme. Certaines associations dénoncent leur traitement sur place, sur la base de témoignages expliquant que les migrants sont surveillés lorsqu’ils appellent un avocat, qu’ils sont forcés de porter des lunettes occultantes lors de leurs transports, et que des rats sont attirés par les conditions d’hygiène déplorables de l’endroit.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a réagi mercredi, qualifiant d’«acte brutal» le projet de son homologue américain, soulignant que ces sans-papiers seraient détenus «à côté des prisons connues pour leur torture et leur détention illégale».

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