C’est la part d’ombre de la pandémie due au coronavirus : le nerf de la guerre qui consiste en la capacité des industriels à fournir des tests à large échelle au Maroc reste marginalisé.
La Chine a envoyé ces derniers jours plusieurs tonnes de matériel médical au Maroc pour juguler la pandémie due au coronavirus. Le berceau du virus a fait parvenir des masques et des kits de protection au Royaume, au moment où le pays fait face à une pénurie. Le Maroc a également, demandé au Japon l’envoi de kits. Rappelons que la Chine et le Japon sont producteurs de tests. Pour le moment l’Institut National d’Hygiène (INH) détient des kits Roche, produits en Allemagne. Leur défaut est qu’ils ne sont pas rapides. Ils demandent 4 à 5 heures entre extraction et amplification, précise à Barlamane.com/fr une source médicale. Des kits américains « Cepheid’s Xpert » sont attendus début avril, ils délivrent les résultats en 45 minutes.
A l’heure où nous publions, nous n’avons pas pu avoir des informations de l’hôpital militaire ou de l’Institut Pasteur pour plus d’informations sur des kits de différentes provenances. Une caractéristique de la doctrine marocaine, les laboratoires appelés à pratiquer ces tests. Trois laboratoires réputés de très haute technicité sont autorisés à les réaliser, sans que ce cercle soit étendu à d’autres hôpitaux, ou à d’autres laboratoires. Rappelons que ces kits sont des dons de l’OMS. Et c’est cette organisation internationale qui a désigné ces trois laboratoires comme référence. Ce sont les seuls habilités à réaliser la PCR en temps réel (technique de recherche de génome viral par biologie moléculaire). Ces trois laboratoires travaillent en série : extraction et amplification, d’où le temps conséquent demandé par ces techniques. L’idéal serait des tests unitaires et rapides qui ne nécessitent pas de plateformes spécialisée et qui sont efficaces. Evidemment, il subsiste le risque de faux positifs ou de faux négatifs, selon la sensibilité et la spécificité de ces tests.
Au Maroc, des voix se sont élevées pour déplorer que des tests n’aient pas été réalisés de façon massive. Comme dans d’autres pays, les critères ont évolué au fur et à mesure que la pandémie progressait. Pour rappel, depuis le début de la propagation du coronavirus, des centaines de tests ont été réalisés au Maroc, selon le ministère de la Santé. On estime qu’ils peuvent concerner « 30 à 60% des sujets infectés », souligne l’institut Pasteur sur son site. Lesquels, échappent donc facilement à la détection. La stratégie fondée sur les tests généralisés et le « contact tracing » (rechercher les personnes en contact avec un cas positif) a porté ses fruits à Singapour.
Aujourd’hui, néanmoins, les tests sont bien moins pratiqués au Maroc que dans d’autres pays, producteurs, comme Singapour ou la Corée du Sud, dont le point fort est le dépistage de masse avec des tests rapides de 10 mn. Chez eux, seuls les cas positifs sont confinés permettant ainsi à l’économie de tourner. Le dépistage des malades et des « cas contact » a été entamé lors de l’apparition des premiers cas.
Quand l’épidémie a élu domicile au Maroc, les autorités sanitaires n’ont pas annoncé que le dépistage serait davantage ciblé, ce qui suscite un certain agacement chez nombre de professionnels. L’un des moyens pourrait être l’arrivée de tests plus légers et plus rapides, avec un verdict en une demi-heure contre 4 à 5 heures pour les tests actuels, dits RT-PCR (basés sur l’amplification du matériel génétique du virus). Car s’arrêter à de tels tests prendrait un temps dont on ne dispose pas pour endiguer la pandémie.