La CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) a organisé aujourd’hui une rencontre à Casablanca avec Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, et Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, autour du thème “Projet de Loi de Finances 2020 : pour la consolidation de la confiance et la relance de l’investissement”. Il s’agit de la première fois que les deux ministères de Finance et de l’Intérieur interviennent à la CGEM pour débattre du PLF qui est actuellement en discussion à la Chambre des représentants.
Aujourd’hui, à la CGEM, il s’agissait d’un meeting économique dans lequel l’accent a été mis sur l’environnement de l’investissement au Maroc. Selon Benchaaboun, le PLF 2020 traduit plusieurs réformes engagées par le ministère de l’Economie qui répondent aux hautes orientations royales citées par le Souverain dans ses derniers discours. « La Loi de Finances n’est pas un acte qui récapitule les mesures fiscales mais des réponses aux attentes de la société. C’est pour cela que le PLF-2020 traduit une vision censée concilier croissance économique, développement social intégré et réduction des inégalités », a-t-il déclaré, tout en précisant qu’un effort colossal a été fourni pour répondre aux besoins et aux attentes des citoyens. « 135 milliards de dirhams ont été prévus pour réduire les disparités sociales. Cette enveloppe budgétaire sera injectée dans des projets à caractère social », a-t-il relevé.
Selon le ministre de l’Economie, la confiance et la relance sont les mots d’ordre du PLF-2020. Dans ce sens, il a rappelé l’amélioration de plusieurs classements, tels que l’investment grade rating, le standard imports et le classement Doing Business. S’agissant des recommandations des Assises des finances qui devraient servir de base pour une loi-cadre pour la préparation du PLF-2020, le ministre a noté que certaines mesures ont été déjà prises en compte. Toutefois, l’élaboration de cette loi-cadre est toujours en cours. Concernant les amnisties, M. Benchaâboun a noté que ce sont des « corrections » de dernière chance qui vont servir d’une sorte de « transition vers une conformité fiscale » pour détendre les mesures de change à la veille des accords BEPS avec l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Pour sa part, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a fait savoir que la confiance et la relance de l’investissement sont, à l’heure qu’il est, parmi les priorités du Maroc. Toutefois, aujourd’hui « on a tendance à présenter l’administration comme un obstacle à l’investissement ». Cependant, mettre au point des lois pour simplifier l’acte d’investir est parmi les préoccupations du gouvernement. D’ailleurs, 3 lois ont été déjà adoptées dans ce sens. En ce qui concerne l’expérience des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), M. Laftit a relevé que leur réforme est en cours d’acheminement. D’ailleurs, les premiers CRI nouvelle génération, verront le jour la semaine prochaine, les directeurs seront nommés jeudi et avant la fin de l’année, l’ensemble des CRI sera opérationnel. « Le démarrage des CRI a été excellent mais au fil du temps ces centres sont devenus des machines qui ont été, par la suite, dénués de leurs missions. Aujourd’hui, les décisions vont être prises en majorité et pas à l’unanimité. Des cellules de suivi et d’écoute des problèmes d’investissement seront aussi mises en place pour que les CRI deviennent un accompagnement et un facilitateur au lieu d’un obstacle », a-t-il expliqué. Quant à la Charte de déconcentration, M. Laftit a noté qu’elle est en cours de finalisation pour que tous « les actes d’investissement soient déconcentrés au niveau régional pour simplifier la vie à l’entreprise et pour créer un environnement plus propice à l’investissement ».
Par ailleurs, Mohamed Bachiri, Président par intérim de la CGEM, a noté que les recommandations des assises fiscales traduisaient les attentes du patronat par région et par activité. La CGEM avait donc des attentes élevées après ces assises pour donner plus de visibilité aux entrepreneurs. Selon lui, le PLF 2020 contient beaucoup de points positifs tels que la mise en place d’un fonds d’accompagnement des TPME et la baisse de la cotisation minimale même s‘il était demandé de la supprimer. Il avait également reproché le fait que la plupart des investissements prévus dans le PLF-2020 ont été portés vers les entreprises étatiques au lieu des entreprises privées. En outre, M. Bachiri a invité le gouvernement à digitaliser le processus d’investissement. Selon lui, beaucoup d’efforts restent à fournir dans les secteurs sociaux même si le présent PLF est clairement orienté vers le rétablissement de la confiance et l’appui social. Il a également exhorté le gouvernement à réduire la pression fiscale sur les entreprises en allégeant les taxes et à encourager les partenariats public-privé.
Les thématiques de la justice et de la réforme fiscales ont été présentes dans l’argumentaire du ministre de l’Intérieur. «La simplification de l’action publique en matière fiscale a été entamée. Le produit des recettes des collectivités doit s’améliorer et il faut laisser place à un consensus sur la nécessité de trouver de nouvelles ressources pour rétablir l’équilibre des comptes publics» a noté Laftit, indiquant qu’une authentique transformation des structures de la fiscalité marocaine se révèle indispensable, même si elle est compliquée. Le ministre a souligné le rôle des ressources politiques, des contraintes qui persistent et des compromis sociaux dans l’élaboration des réformes fiscales.
S’agissant du «Made in Morocco», Laftit insiste sur l’importance de la labellisation d’origine et de la priorité au développement des systèmes productifs locaux. Il apporte des éléments de réflexion qui appellent à privilégier «la typicité marocaine en mettant l’accent sur les politiques locales» en évoquant l’exemple de la mobilité à Casablanca, dont les agents d’exploitation et les moyens de transport physique ne répondent pas encore à l’attente de la population. «Les initiatives publiques et privées doivent témoigner la volonté de renforcer les écosystèmes productifs et d’innovation locaux et permettre aux entreprises de prendre part aux marchés publics» a-t-il énoncé.
Il semble alors que le patronat persiste toujours pour que les recommandations des assises fiscales soient tenues en compte dans l’élaboration des projets de Loi de Finances. Des assises qui ont, d’ailleurs, mis la barre haute quant aux attentes des entreprises. Aujourd’hui, la CGEM veut que les investissements prévus par les prochains PLF soient dirigés vers l’entreprise privée au lieu de l’entreprise étatique pour instaurer un climat de confiance propice à l’investissement.