Au Pakistan, vaste purge au sein de l’Agence fédérale d’investigation après le naufrage meurtrier de migrants au Maroc

Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a démis cette semaine de ses fonctions Ahmed Ishaq Jahangir, chef de la puissante Agence fédérale d’investigation (FIA), considérée comme la décision la plus retentissante d’une série de sanctions contre des responsables accusés de négligence face à des réseaux de trafic d’êtres humains après des naufrages meurtriers au large des côtes marocaines et grecques.

Cette mesure intervient à la suite d’une tragédie survenue mi-janvier, lorsque les autorités marocaines ont secouru 36 migrants dont l’embarcation dérivait en Méditerranée depuis treize jours. Au moins 43 personnes, majoritairement des Pakistanais, ont péri dans ce drame tandis que 37 autres sont toujours portées disparues.

Quatre semaines plus tôt, des opérations de sauvetage menées par les autorités grecques et des navires marchands avaient permis de sauver quelque 200 migrants au large des côtes grecques. Cependant, près de 50 personnes ont trouvé la mort parmi lesquelles une quarantaine de ressortissants pakistanais.

Face à l’indignation croissante de l’opinion publique, le gouvernement de Shehbaz Sharif a lancé une rare offensive contre la corruption et la négligence au sein des institutions chargées de lutter contre l’émigration clandestine. Avant la révocation de M. Jahangir, près de 50 agents de la FIA avaient déjà été limogés pour des manquements présumés liés à ces deux événements. Par ailleurs, plus de 50 autres fonctionnaires ont été inscrits sur une liste noire, les interdisant d’exercer dans des points de contrôle migratoires ou des unités spécialisées dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. Plusieurs arrestations de passeurs présumés ont également été effectuées.

Un haut responsable gouvernemental, membre de la cellule de crise constituée par le Premier ministre, a confié qu’Islamabad «est conscient des répercussions diplomatiques de ces drames, mais aussi du chagrin insupportable que vivent les familles endeuillées.»

«Nous avons renforcé non seulement nos dispositifs de contrôle aux frontières mais aussi nos mécanismes d’application des lois et de poursuites judiciaires. Désormais, organiser la sortie illégale d’un citoyen pakistanais sera une entreprise périlleuse», a-t-il ajouté.

Ces mesures drastiques illustrent la volonté du gouvernement pakistanais de redorer son image ternie par des réseaux de trafiquants opérant en toute impunité, exploitant la détresse économique de milliers de Pakistanais aspirant à un avenir meilleur en Europe, souvent au péril de leur vie.

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