Algérie: « Le rationnement alimentaire commence = 12 bananes par habitant et par an »

Depuis quelques mois, le gouvernement algérien s’est découvert d’étonnantes priorités. Il n’est plus question de grands projets d’infrastructures ni d’ambitions démesurées de « puissance régionale ». La chute des prix du baril a vidé les caisses de l’État. Et le gouvernement a désormais de nouvelles missions à la hauteur des nouvelles ambitions de l’Algérie.

Hier, Abdelmadjid Tebboune, super-ministre qui cumule l’Habitat et le Commerce, s’est longuement exprimé devant la presse nationale sur un sujet qui semble désormais hautement stratégique : la banane. Cette année, les Algériens pourront manger de la banane. Mais il ne faut pas rêver : le quota d’importation de la banane a été fixé à 90.000 tonnes pour le premier semestre de l’année en cours.

« Nous octroierons dès le début de cette semaine des licences d’importation d’un contingent quantitatif de 90.000 tonnes de banane pour le premier semestre et s’il y a lieu d’augmenter ce volume, nous le ferons par ponction sur le quota du deuxième semestre », a ajouté M. Tebboune. Généreux.

Sur cette base, chacun des 40 millions d’Algériens aura donc droit à 2,25 kilogrammes de bananes durant les six premiers mois de l’année. Et si les prix du pétrole se maintiennent à un niveau raisonnable, le gouvernement pourrait, à titre exceptionnel, porter cette « ration » à condition qu’elle ne dépasse le seuil de 4,5 kilogrammes, sur l’ensemble de l’année. Et c’est le même ministre Tebboune qui affirme régulièrement que l’Algérie est « jalousée » pour ses grandes performances dans tous les domaines.

L’annonce du quota d’importation de bananes a provoqué des réactions diverses sur les réseaux sociaux. Entre lassitude et exaspération, les internautes algériens et étrangers n’ont une nouvelle fois pas manqué de se faire entendre sur ce sujet.

Sur twitter, une internaute s’indigne face à l’annonce. « Voilà nous y sommes maintenant il ne manquait plus que ça !  D’être traité comme des singes », écrit @sabrine17081658.

Un autre utilisateur de twitter voit une relation entre le quota de l’importation de banane et l’influence de l’armée en Algérie. « Voilà dans quel état des militaires algériens ont mis un pays riche. Et dire qu’il y a encore des Algériens qui leur font confiance », se lamente @FMaxou.

Sur Facebook, un internaute algérien n’hésite pas à exprimer publiquement son exaspération face à l’obsession des Algériens pour la nourriture. « Un peuple qui parle de la pomme de terre et de la banane, qu’est-ce que vous voulez qu’il donne au futur ? Pourquoi ne parle-t-on pas de l’innovation, la création, l’éducation, le travail ? », s’interroge-t-il. Ce à quoi une internaute lui répond rhétoriquement en lui demandant : « Comment peux-tu innover si tu as le ventre vide ? ».

De retour sur twitter, un utilisateur propose d’ « exporter les corrupteurs et les corrompus ». « Consommer nos fruits suffit pour ne pas importer de médicaments. Nous devons exporter les corrupteurs et les corrompus », déclare @ARRARI1.

Un autre internaute sur Facebook ne manque pas quant à lui de relever l’ironie de la situation. « Une république bananière qui importe des bananes, c’est le comble du comble », ironise-t-il.

L’annonce de l’instauration d’un quota de bananes a également provoqué des réactions en dehors d’Algérie. Jean-Paul Carteron, fondateur du Forum Crans-Montana, a notamment réagi. « Tristesse en Algérie : Le rationnement alimentaire commence = 12 bananes par habitant/an », déplore-t-il sur twitter.