Algérie : les étudiants contestent l’immixtion de l’armée dans la vie politique

Des centaines d’étudiants ont investi les rues de la capitale, Alger, ce 17 décembre. La marche a débuté vers 10 H 50 place des Martyrs, point de ralliement des manifestants.

Alors que l’investiture du président élu Abdelmadjid Taboune est prévue mercredi, le rôle de l’armée est en train de devenir un point d’éclair. Les étudiants, qui refusent la résurgence de l’autoritarisme.

Lors de la première manifestation hebdomadaire après le vote, et la 43ème depuis le début du mouvement populaire, les étudiants ont réclamé des réformes politiques majeures et le départ de l’élite dirigeante du pays. Ils ont été rejoints par des travailleurs, des retraités et des femmes au foyer accompagnés de leurs enfants.

La notion de l’armée en tant que gardienne du destin national devient de plus en plus contestée. La véritable dynamique de changement en Algérie réside dans les jeunes ; sachant que 70% pour cent de la population à moins de 30 ans. C’est la Révolution du sourire menée par les jeunes, et non l’armée, qui a provoqué la démission de Bouteflika, l’ancien officier de l’Armée de libération nationale qui a servi comme président pendant deux décennies à partir de 1999.

Malgré son âge avancé et sa santé extrêmement précaire, Bouteflika avait voulu briguer un cinquième mandat. Il était la figure de proue du «Pouvoir» – le pouvoir, se réfèrent pour les Algériens à l’establishment politique qui continue de diriger le pays.

Les étudiants accusent Ahmed Gaid Salah, le chef d’état-major des forces armées, d’avoir mal interprété l’ambiance nationale. Le président élu, Tebboune, décrit comme le candidat du «Pouvoir», est considéré comme un comparse qui a fermé les yeux sur « les attaques contre la liberté d’expression et de réunion, hostile à un changement du système.»

Un homme fort soutenu par l’armée n’est nullement acceptable pour les étudiants. Ils réclament une démocratie moderne, essentielle à la redistribution équitable des immenses richesses de l’économie algérienne dominée par le pétrole et le gaz. C’est précisément la raison pour laquelle ils demandent la fin de la déférence incontestable envers le pouvoir autoritaire du pays. «Nous sommes des millions à ne pas nous souvenir de la guerre civile, encore moins de la guerre d’indépendance», a expliqué Aisha Bekhti, une étudiante de 20 ans. «Nous avons tous été élevés pour aimer l’armée, mais cela ne signifie pas que nous voulons les voir jouer un rôle si important dans la gestion du pays» a-t-il énoncé.

La jeunesse algérienne est à l’avant-garde du mouvement pacifique anti-gouvernemental depuis son éclatement en février. Les manifestants ont rejeté le vote, l’État militaire et le président élu, selon eux complice du système. «Le vote ne marquera pas la fin du mouvement. Nous continuerons de marcher contre le régime soutenu par les militaires jusqu’à la fin du statu quo», a conclu l’étudiante.

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