Akdital, TGCC, Jet Contractors, CMGP, CFG Bank : à la Bourse de Casablanca, des introductions rares qui façonnent de nouvelles fortunes colossales

Une poignée d’introductions en Bourse aura suffi à façonner de nouvelles fortunes au Maroc. Dans le sillage d’un marché actions en plein essor, un ingénieur devenu magnat du bâtiment et un anesthésiste converti en entrepreneur hospitalier figurent désormais parmi les plus grandes réussites financières du pays. Les entreprises récemment cotées ont vu leur valorisation s’envoler, portées par une demande excédant largement l’offre de titres. Résultat : des records boursiers pulvérisés depuis 2024 et l’émergence d’un nouveau cercle de fondateurs, de chefs d’entreprise et de dirigeants à la tête de fortunes considérables.

Rares, mais spectaculaires. Les introductions en Bourse qu’a connues le Maroc ces dernières années ont non seulement bouleversé le marché des actions, mais aussi contribué à l’émergence d’une nouvelle génération de fortunes. Entrepreneurs et capitaines d’industrie ont vu leur patrimoine s’accroître sous l’effet de la flambée des valorisations, portés par un engouement boursier inédit.

Selon le site saoudien spécialisé Asharq Business, “les entreprises qui ont récemment rejoint la Bourse ont bénéficié d’une forte hausse de leur valeur marchande, la demande des investisseurs individuels dépassant largement l’offre de titres disponibles”. Cette rareté a propulsé les prix à des niveaux records depuis l’année 2024, consacrant une nouvelle génération de fondateurs, de chefs d’entreprise et de dirigeants à la tête de fortunes considérables.

Un anesthésiste devenu magnat de la santé privée

L’une des introductions les plus marquantes de ces dernières années est celle d’Akdital, premier acteur privé du secteur hospitalier coté au Maroc. Fondée en 2016 par le médecin anesthésiste Rochdi Talib, l’entreprise s’est imposée comme la principale chaîne hospitalière du pays profitant, notamment, de la généralisation de la couverture sociale. Avec son entrée en Bourse en décembre 2022, la société a suscité un fort intérêt de la part des investisseurs. Depuis son introduction, son titre s’est envolé de 297 %, portant sa capitalisation à 16,8 milliards de dirhams. Rochdi Talib détient directement 11,3 % du capital, une participation valorisée à près de 1,9 milliard de dirhams, précise Asharq Business.

Un ingénieur bâtisseur d’empire

Autre fortune façonnée par la Bourse, Mohamed Bouzoubâa, ingénieur formé à l’École nationale des ponts et chaussées de Paris, qui a fondé TGCC en 1991. Après avoir décroché en 1999 son premier grand marché public – la construction du stade de Fès –, son entreprise s’est imposée comme un acteur majeur du BTP, multipliant les chantiers hôteliers, ferroviaires et universitaires, au Maroc comme en Afrique.

L’introduction en Bourse de TGCC en 2021 a été un succès retentissant. Depuis, son titre a bondi de 433 %, portant la valorisation du groupe à 22,9 milliards de dirhams. “Mohamed Bouzoubâa, qui détient encore 73,9 % de TGCC, voit sa fortune atteindre 17 milliards de dirhams”, souligne la même source.

Le champion boursier de 2024

Longtemps restée discrète en Bourse, Jet Contractors, entreprise de construction fondée en 1992 par Mohamed Adil Rtabi, a connu en 2024 une ascension inédite. Grâce à plusieurs contrats d’envergure remportés au Maroc et à l’international, son action a été multipliée par six sur l’année écoulée, réalisant ainsi “la meilleure performance boursière de l’année passée”, rapporte Asharq Business. La capitalisation de Jet Contractors atteint désormais 7,8 milliards de dirhams tandis que Mohamed Adil Rtabi, qui contrôle 36 % de l’entreprise aux côtés de sa famille, détient une fortune estimée à 2,8 milliards de dirhams.

Un premier groupe agricole en Bourse

Autre fait marquant, l’entrée en cotation en décembre 2024 de CMGP, première entreprise du secteur agricole à rejoindre la Bourse marocaine. Spécialisée dans l’irrigation, l’énergie solaire et les intrants agricoles, cette société familiale a connu un engouement exceptionnel. Selon Asharq Business, “son introduction en Bourse a enregistré la meilleure performance sur quinze ans et la troisième meilleure de toute l’histoire du marché marocain”. Son action a déjà progressé de 70 %, portant sa capitalisation à 5,8 milliards de dirhams. Son P-DG Youssef Maâmmar, qui en détient 5 %, voit sa fortune s’élever à 290 millions de dirhams.

Un secteur bancaire toujours dominant

Avec l’entrée en Bourse en 2023 de CFG Bank, premier établissement spécialisé en banque d’affaires au Maroc, le secteur bancaire continue d’afficher une forte croissance. “Depuis son introduction, le titre a progressé de 120 %, portant la capitalisation de la banque à 8,5 milliards de dirhams”, relève Asharq Business.

Son cofondateur et vice-président Amyn Alami, qui détient 9,14 % du capital, dispose désormais d’un patrimoine estimé à 770 millions de dirhams, tandis que son associé Adil Douiri, président du conseil d’administration, possède des participations indirectes à travers d’autres entreprises cotées, notamment dans l’hôtellerie avec Risma et l’agroalimentaire avec Mutandis.

Un marché porté par l’essor économique et la Coupe du monde 2030

Les perspectives du marché restent sereines, soutenues par la transformation économique du pays et les vastes chantiers engagés en vue de la Coupe du monde 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. L’État prévoit plus de 100 milliards de dollars d’investissements, allant des infrastructures routières et ferroviaires aux projets de dessalement d’eau de mer, en passant par la construction du plus grand stade du monde, d’une capacité de 115 000 places.

“L’anticipation de la Coupe du monde et la lutte contre le stress hydrique représentent des leviers économiques majeurs, renforçant la confiance des investisseurs dans plusieurs secteurs cotés”, analyse Farid Mezouar, directeur du cabinet FL Markets, cité par Asharq Business.

Toutefois, le nombre limité d’introductions reste un frein à la profondeur du marché. “Il faudrait au moins cinq introductions en Bourse par an pour préserver cet élan”, estime M. Mezouar.

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