Ahmed Raissouni brocarde le collectif «Hors-la-loi» et méjuge ses revendications

Dans une chronique diffusé sur un portail électronique, Ahmed Raissouni, ex-éminence grise du PJD, dresse un constat faussé et néantisant des revendications en matières de libertés individuelles. Une séquence clinique éprouvante qui réduit un sujet qui secoue la société à des tendances pulsionnelles et marquages charnels.

Dans une chronique qui, par maints côtés, s’apparente à une publication radicale au vitriol, Ahmed Raissouni, président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) et l’un des idéologues les plus influents du Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR), la boîte à idées et de cadres du PJD, profite du lien délicat entre ordre public et libertés pour défendre la restriction des certains droits. Il vilipende l’action du collectif des 490 «hors-la-loi» – en référence à l’article 490 du code pénal qui punit les relations sexuelles hors mariage – et qui ambitionne de se structurer. «Ces femmes, de par leurs actes illicites, attentatoires aux bonnes mœurs et à la pudeur sont tellement mal parties que la sphère de l’intime leur sera inaccessible.» Une discrimination contre les femmes

Cette sortie, qui survient quelques jours après que le Roi Mohammed VI eut gracié sa nièce; la journaliste Hajar Raissouni, initialement condamnée à un an de prison pour «avortement illégal» et «relations sexuelles hors mariage», est pour le moins étonnante. Le contenu des libertés publiques, selon Raissouni, est très divers, et la saillance des transgressions, une «tare», une «profanation». «Beaucoup d’activités humaines ne correspondent-elles pas à des libertés régies par des règles, même si le consensus qui les entoure les fait considérer comme acquises ?» affirme-t-il en substance. Il cite, pour exemples, la liberté de circulation, les libertés économiques et la liberté d’entreprendre, que la collectivité réglemente. Une série d’associations douteuses émaillées de tendances d’un autre temps. En réalité, Ahmed Raissouni ne fait qu’abolir la limite entre fantasme et réalité, qui confond les réalités quotidiennes avec la réalité du désir, et annule simplement le champ de protection des droits fondamentaux.


La liberté, entendue comme la volonté faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, ne se divise pas, a-t-il affirmé. Inversement, il décrie les libertés individuelles qui encourage «la débauche sexuelle, l’homosexualité et l’adultère.» Il dénonce, à mots couverts et sans les citer, ces mouvances qui convergent vers les libertés sexuelles comme le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali), les mouvements LGBT Kifkif et Menna w fina, leurs itinéraires, leurs revendications, leurs stratégies adoptées et leurs actions collectives menées. Ces évocations, pour le moins dérangeantes, mettent l’accent sur la nocivité du discours conservateur. Il trouve dans le contrôle et la tutelle sur l’autre tout l’espace de son déploiement. Tout est liée à la pulsion sexuelle, jugée perverse; liée à la mort.

Pour terminer, il dénonce les limitations que connaissent certaines libertés, comme l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) lancé le 9 juillet 2005 par la société civile palestinienne – contre les produits provenant des colonies israéliennes illégales ; fustige la polémique sur la révision des programmes des colonies de vacances (survenue en août 2018) et les contraintes que connait la liberté d’examen, d’opinion et de pensée dans certaines contrées.

Ahmed Raissouni, s’ingère, sous prétexte de combattre les “délits moraux” dans la vie intime des individus pour soumettre celle-ci à un contrôle permanent. C’est le paradoxe – et la fond – de toute lutte d’émancipation : mettre l’accent sur ceux qui consacrent les dominations, qui rendent impossible l’épanouissement égal de tous les individus, loin de la hiérarchie des dimensions et des assignations identitaires.

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