La chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict mardi 28 janvier dans un tentaculaire dossier de fraude immobilière. L’homme d’affaires Abdellah Boudrika, frère de l’ancien président du Raja de Casablanca, a été condamné à cinq ans de prison ferme. Le tribunal a également prononcé une peine de six ans de prison ferme à l’encontre d’un notaire reconnu coupable dans cette même affaire tandis que les autres coaccusés ont écopé de peines allant de quatre à cinq ans d’emprisonnement.
Lors des débats, le parquet général a soutenu que M. Boudrika et ses coaccusés étaient impliqués dans une opération de falsification d’un acte de promesse de vente et d’un contrat de cession définitive concernant un bien immobilier référencé “32658 C” à Bouskoura, en périphérie de Casablanca.
Dans un réquisitoire détaillé, le substitut du procureur général a souligné que l’infraction était formellement établie par les éléments de preuve contenus dans le dossier. Il a notamment mis en exergue l’altération des faits dans les documents litigieux, insistant sur leur caractère frauduleux avéré.
L’un des éléments cruciaux de l’affaire repose sur la vulnérabilité du plaignant, qui souffrirait de troubles mentaux avérés, comme en attestent les expertises médicales effectuées par le service de psychiatrie de l’hôpital universitaire Ibn Rochd.
Le parquet a également relevé que le frère du plaignant avait préalablement saisi la justice civile pour engager une procédure de mise sous tutelle, ce qui, selon l’accusation, témoigne du fait qu’il était conscient de l’altération des facultés mentales de son frère au moment des transactions immobilières contestées.
Des témoignages accablants
Un témoignage clé a été apporté par une collaboratrice du notaire, qui a affirmé avoir constaté que le vendeur souffrait d’un déficit manifeste de discernement au moment de la signature des documents. Selon ses déclarations, le frère du plaignant l’aurait physiquement guidé dans la signature des actes, sous les yeux du notaire, qui n’aurait pris aucune mesure pour vérifier sa capacité juridique.
Le notaire, désormais condamné, est poursuivi pour falsification, usage de faux, incitation à la fraude sur des actes authentiques et dissimulation de documents à caractère contractuel.
Une nouvelle condamnation pour M. Boudrika
Cette affaire survient alors qu’Abdellah Boudrika avait déjà été condamné à six ans de prison ferme dans une autre procédure judiciaire. Ce précédent dossier concernait un litige foncier autour du bien immobilier “Blad Hadda”, référencé sous le numéro “49/11384” à Tit Mellil, une localité proche de Casablanca.
Avec cette nouvelle condamnation, l’homme d’affaires se retrouve désormais au cœur de deux affaires judiciaires majeures, illustrant l’ampleur des scandales liés aux fraudes immobilières et à la falsification de titres fonciers dans les grandes métropoles marocaines.