À Dakar, Latifa Akharbach plaide pour une plus grande responsabilisation des plates-formes numériques

La perception et la prévalence des risques numériques a atteint un tel niveau dans toutes les sociétés, qu’il est urgent d’orienter le dialogue avec les plates-formes numériques vers une responsabilisation effective et des engagements concrets de la part des acteurs de la Big Tech, a affirmé, lundi à Dakar, la présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach.

« Des réponses concrètes et des engagements spécifiques sont attendus des plateformes pour garantir une autorégulation et une régulation efficaces, protéger les utilisateurs et répondre aux défis liés à la souveraineté numérique et à l’éthique des technologies dans tous les pays et notamment en Afrique », a souligné la présidente de la HACA qui intervenait lors la session consacrée au suivi du dialogue entre les régulateurs de l’espace francophone et les plates-formes numériques, programmée dans le cadre de la 8ème Conférence des présidents du Réseau francophone des régulateurs des médias-REFRAM, qui se tient lundi et mardi dans la capitale sénégalaise.

La conférence internationale est organisée par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel du Sénégal (CNRA) au titre de l’agenda du REFRAM et qui réunit les présidents des instances de régulation d’une quinzaine de pays.

Faisant référence à l’actualité récente des mastodontes du numérique dont certains ont annoncé l’assouplissement de leurs règles de modération des contenus et l’abandon de leur système de fact-checking assuré par des journalistes professionnels et experts, Mme Akharbach, cité par un communiqué de la HACA, a estimé que «bien que cette décision ne concerne pour l’instant que le marché des Etats-Unis, la probabilité d’une généralisation progressive à toutes les parties du monde est grande avec pour conséquence un risque de détérioration des normes globales en matière de modération des contenus ».

«Cette versatilité des plates-formes numériques transfrontières, soucieuses de préserver en priorité leurs intérêts économiques en ajustant leurs politiques en fonction des pressions politiques et économiques des contextes locaux est susceptible de nuire aux droits des utilisateurs dans certaines parties du monde comme le continent africain», a poursuivi Mme Akharbach rappelant à ce propos que «le réseau francophone comme le réseau africain des régulateurs des médias n’ont eu de cesse, à la fois, d’exhorter les plates-formes à un plus grand engagement dans la lutte contre la désinformation et de dénoncer la politique de doubles standards pratiquée par elles à différents niveaux : représentation légale dans les différents pays et continents, moyens alloués à la modération, utilisation des langues locales notamment en Afrique, etc.»

Mme Akharbach a conclu son intervention en appelant à une plus grande responsabilisation des grandes plateformes dans le cadre d’une approche globale et à une action multilatérale dans le domaine de la régulation numérique.

À l’issue de cette conférence, et conformément aux statuts du REFRAM, une session de passation de pouvoir a été tenue entre le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France, Roch-Olivier Maistre, président en exercice du REFRAM, et son successeur, Mamadou Oumar Ndiaye, président du CNRA du Sénégal.

La Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel de Mauritanie a été élue à la vice-présidence du réseau francophone en la personne de son président Mohamed Abdallahi Lahbib.

La Présidente de la HACA est accompagnée lors de cette conférence de M. Jaafar Kansoussi et Mme Fatima Baroudi, membres du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle et de M. Talal Salahdine, manager des affaires africaines et internationales au sein de l’Instance.

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