Rétrospective 2019 : voici la liste des événements climatiques qui ont marqué l’année

Les changements climatiques sont la question déterminante de notre époque et nous sommes à un moment décisif. En effet, les conséquences des changements climatiques sont mondiales en termes d’effets et d’échelle. Selon les Nations unies, sans action immédiate, il sera beaucoup plus difficile et coûteux de s’adapter aux conséquences futures de ces changements.  

L’année 2019 a été marquée par plusieurs événements climatiques qui ont fait souvent la une de l’actualité. Marches pour le climat, rapports alarmants sur les dérèglements climatiques, déforestation en Amazonie, l’augmentation d’un degré de la température moyenne de la surface du globe, entre autres, sont tous des événements extrêmes qui confirment sans équivoque le phénomène de réchauffement global et le lien avec les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.

En septembre dernier, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a convoqué un Sommet sur le climat afin de réunir les dirigeants mondiaux des gouvernements, du secteur privé et de la société civile afin de soutenir le processus multilatéral ainsi que d’accroître et d’accélérer l’action et les ambitions climatiques. En outre, la question du bouleversement climatique est devenue majeure dans le débat public. D’ailleurs, les manifestations des écoliers et lycéens ont montré combien le sujet du réchauffement climatique est devenu une « réalité tangible ».

Retour donc sur les événements climatiques extrêmes qui ont marqué la planète en 2019 :

Les feux de forêt de 2019 en Amazonie d’une ampleur inédite ont fait rage

Les feux de forêt de 2019 en Amazonie sont une série de milliers d’incendies qui se sont principalement déroulés dans la forêt amazonienne en 2019. La majeure partie des feux de forêt se sont produits dans la partie de la forêt située au Brésil, mais des pays voisins comme la Bolivie, le Pérou et le Paraguay ont également signalé de nombreux départs de feux.

Les incendies ont suscité une importante réaction de la communauté scientifique et internationale en juillet et août 2019 à la suite des publications de l’Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais (INPE) faisant état d’au moins 75.336 feux décomptés en huit mois au Brésil, statistiques basées sur des observations satellitaires. De janvier au 23 août 2019, plus de 40.000 feux ont été décomptés dans la plus grande forêt tropicale au monde, considérée comme « essentielle pour lutter contre le réchauffement climatique ». Les feux de forêt ont également suscité des critiques vis-à-vis du gouvernement brésilien, en particulier des ONG environnementales. Ces agences affirment que le système politique mis en place par le président brésilien nouvellement élu, Jair Bolsonaro, a affaibli la protection de la forêt tropicale.

Toutefois, le gouvernement estime que la déforestation est nécessaire pour reconstruire l’économie brésilienne, et que les données de l’INPE ont été falsifiées dans le cadre d’une campagne de désinformation menée contre lui. Au début du mois d’août, Bolsonaro a limogé le directeur de l’INPE après la diffusion de statistiques par l’agence montrant une augmentation significative de la déforestation au Brésil.

La saison cyclonique 2019 : une saison très légèrement au-dessus de la norme avec au final 28 systèmes cycloniques

La saison cyclonique 2019 compte, jusqu’au 26 décembre, 28 systèmes cycloniques dont le dernier nommé en date fut Kammiri. Il s’agit du 17ème typhon de la saison 2019 qui a traversé les Philippines au stade de typhon causant d’importants dégâts avant de se dissiper le 5 décembre 2019 en plein océan. Cette saison est une saison au-dessus de la norme, la moyenne annuelle étant de 26,03 systèmes. Il faut savoir que la saison cyclonique 2018 fut une saison très légèrement au-dessus de la norme avec au final 28 systèmes cycloniques.

Cette saison des typhons 2019 a été particulièrement impitoyable pour le Japon. Depuis le début de la saison cyclonique dans le Pacifique Ouest, 7 systèmes dépressionnaires tropicaux, dont 3 au stade de typhon (Francisco, Faxai et Hagibis), ont impacté directement ou indirectement les îles principales japonaises. D’habitude, les groupes d’îles situés au large sud-ouest du Japon, comme les îles Ryukyu, sont les plus affectés. Mais cette année, plusieurs systèmes ont suivi des trajectoires paraboliques, rapprochant les typhons et tempêtes des îles principales.

Par ailleurs, l’ouragan Dorian est le cinquième système tropical, la quatrième tempête tropicale, le second ouragan et le premier ouragan majeur de la saison 2019 dans l’Atlantique nord. Il a atteint la catégorie 5 dans l’échelle de Saffir-Simpson au moment de passer sur le nord des Bahamas et d’y demeurer près de 48 heures. Le Premier ministre de ce pays, Hubert Minnis, a déclaré que Dorian était la plus grande crise nationale de l’histoire de l’archipel. C’est également le plus intense ouragan ou ex-ouragan à frapper la Nouvelle-Écosse depuis l’ouragan Juan en 2003.

Le 27 novembre 2019, le bilan provisoire passait à 70 morts aux Bahamas et la dévastation était totale sur les îles Abacos et à Grand Bahama, en plus d’un mort rapporté à Porto Rico et de 8 morts indirects aux États-Unis. Le vrai nombre de morts aux Bahamas pourrait cependant se chiffrer à plusieurs centaines de personnes selon certaines estimations et les dommages matériels à au moins 7 milliards de dollars. Le coût des dommages aux États-Unis et au Canada n’est pas encore connu.

Des centaines de milliers de jeunes ont manifesté pour le climat

Dans la lignée du mouvement « Fridays For Future » (les vendredis pour le futur) initié en Suède le 20 août 2018, de nombreux jeunes dans le monde ont décidé de marcher pour le climat les 20 et 27 septembre. Le Maroc n’en fait pas l’exception puisque 500 jeunes ont participé à la marche du 20 septembre, qui a eu lieu à Marrakech, et que 6.500 jeunes ont été attendus pour marcher pour le climat le 27 septembre à Rabat, Casablanca, Demnate et Fès.

11.258 scientifiques du monde entier, dont dix du Maroc, ont alerté contre « une urgence climatique« 

Un collectif de 11.258 scientifiques du monde entier, conduits par William Ripple et Christopher Wolf de l’Oregon State University aux États-Unis, a indiqué que la crise climatique « s’accélère plus rapidement » que la plupart des chercheurs ne l’anticipaient. « Malgré 40 ans de négociations mondiales sur le climat, à quelques exceptions près, nous avons généralement continué nos activités comme d’habitude et avons largement échoué à faire face à cette situation difficile. Ce qui est particulièrement inquiétant, ce sont les points de basculement potentiels du climat, irréversibles, et les réactions en retour de la nature qui pourraient conduire à une « Terre sous serre » catastrophique, bien au-delà du contrôle de l’homme », ont-ils indiqué.

Par ailleurs, les signataires suggèrent six étapes susceptibles d’atténuer les pires effets du changement climatique : remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables à faible émission de carbone, réduire les émissions de polluants tels que le méthane, protéger les écosystèmes de la Terre, manger principalement des aliments à base de plantes et moins de produits d’origine animale, développer une économie sans carbone et stabiliser la population humaine.

Le niveau des océans s’accroît aujourd’hui 2,5 fois plus vite qu’au 20ème siècle où il avait pris 15 cm

Bouleversés par le réchauffement, les océans et les zones gelées dépérissent à vue d’oeil, menaçant des pans entiers de l’Humanité qui n’a qu’une option pour les protéger et se sauver elle-même : réduire ses émissions de CO2, avertit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

« Quel que soit le scénario, nous aurons un monde avec des mers plus hautes », insiste Bruce Glavovic, chercheur de l’université Massey en Nouvelle-Zélande. Sur les côtes du monde entier, construire des protections pourrait réduire de 100 à 1.000 fois les risques d’inondations, selon le rapport. A condition d’investir « des dizaines à des centaines de milliards de dollars par an ».

Au total, selon le rapport, plus d’un milliard de personnes vivront d’ici le milieu du siècle dans des zones côtières peu élevées particulièrement vulnérables. Et même dans un monde à +2°C, de nombreuses mégapoles et petites îles devraient être frappées d’ici 2050 au moins une fois par an par un événement extrême qui ne se produisait jusqu’alors que tous les cent ans.

L’Islande et la Suisse en deuil pour leurs glaciers

L’Okjökull était un glacier de l’ouest de l’Islande sur le volcan Ok. Il s’agit du premier glacier de l’île à avoir disparu à cause du réchauffement climatique. Après qu’il a été déclaré mort par le glaciologue Oddur Sigurðsson, les anthropologues Cymene Howe et Dominic Boyer ont tourné un documentaire sur le glacier et ont proposé de commémorer sa disparition par une plaque. C’est le 18 août 2019 que la plaque commémorative bilingue, en islandais et en anglais, fut dévoilée. Son texte est une lettre écrite par l’écrivain Andri Snær Magnason, intitulée « Bréf til framtíðarinnar » (en islandais) ou « une lettre au futur ».

Des Suisses ont également commémoré par une longue « marche funèbre » en montagne, la disparition d’un des glaciers alpins les plus étudiés, le Pizol, évaporé sous l’effet du réchauffement climatique. « Depuis 1850, on estime qu’il y a plus que 500 glaciers suisses qui ont complètement disparu, dont seulement 50 avaient un nom », a annoncé Matthias Huss, glaciologue à l’École polytechnique fédérale de Zurich. « Le Pizol, ce n’est pas le premier. Mais, on peut le considérer comme le premier glacier Suisse en train de disparaître qui a été très bien étudié et ce, depuis 1893 », a-t-il souligné.

À l’image du Pizol, les quelque 4.000 glaciers alpins, des attraits touristiques qui fournissent aussi de l’eau en été à des millions de personnes, risquent de fondre de plus de 90% d’ici à la fin du siècle si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, selon une étude de l’École polytechnique fédérale de Zurich.

Les canicules de 2019 ont été plus intenses à cause du réchauffement climatique !

L’année 2019 et la décennie qu’elle conclut auront été exceptionnelles sur le plan du climat : selon l’ONU, on peut parler de « chaleur exceptionnelle » pour les définir. « L’année 2019 marque la fin d’une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d’élévation record du niveau de la mer à l’échelle du globe, en raison des gaz à effet de serre produits par les activités humaines », fait savoir l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU.

Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), plus de 10 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays au premier semestre, dont 7 millions à cause de catastrophes climatiques. Les inondations en sont la première cause, devant les tempêtes et les sécheresses. Les régions les plus touchées sont l’Asie et le Pacifique.

Sur dix mois, en 2019, la température moyenne mondiale a été plus élevée d’environ 1,1 °C en comparaison avec la période pré-industrielle. Ce réchauffement est à lier à des « niveaux de CO2 (qui) ont continué d’augmenter en 2019 », selon des données en temps réel sur un certain nombre de sites. 2019 s’inscrit dans la décennie 2010-2019 qui est « presque certainement » la plus chaude jamais enregistrée.

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